La restauration à emporter peine à appliquer la loi Agec
L’association No Plastic In My Sea a publié un rapport d’enquête qui constate une mise en œuvre partielle des mesures destinées à réduire les déchets, voire un refus des contenants des particuliers. -
L’épidémie de Covid a entraîné un développement de la vente à emporter, avec une augmentation de 11% du nombre de points de vente selon le cabinet CHD Expert. Ce développement implique inévitablement une croissance des déchets d’emballage du secteur, qui étaient déjà estimés à près de 222 000 tonnes pour l’année 2018, avant la crise, par l’Ademe et Citeo. En outre, selon une étude d’impact de la Commission européenne de 2018, ce mode de consommation est surreprésenté dans le top 10 des plastiques à usage unique retrouvés ; d’après une méta-analyse internationale de juin 2021 publiée dans Nature Sustainability, il pourrait peser entre 50 et 88% de la pollution plastique des milieux aquatiques dans le monde.
Peu de réponses
Promulguée peu avant le début de la crise sanitaire, la loi Antigaspillage pour une économie circulaire (Agec) vise justement à réduire les déchets de ce secteur et à développer le réemploi. Mais son application resterait très limitée, selon un rapport d’enquête que l’association environnementale No Plastic In My Sea a publié à l’occasion de la Semaine européenne de réduction des déchets. En premier lieu, seulement six enseignes – Exki, McDonald’s, Paul, Pomme de pain, Starbucks et Steak’n Shake – sur les 42 interrogées ont répondu au questionnaire qui leur a été adressé. Celles-ci ont « soit engagé pour partie les mesures prévues par la loi, soit évoqué des arguments d’hygiène les amenant à repousser l’accueil des contenants des particuliers », observe l’association.
VOS INDICES
source
0 -100
Avril 2022
Vieux papiers, sortes ordinaires - Moyenne France-Export - 1.05 Ondulés récupérés (ex A5)
Variation en €/tonne
63 =
Avril 2022
BF PET clair - Q4
Variation en €/tonne
183.5 +11.55
Mars 2022
Indices des prix internationaux des matières premières importées - Pâte à papier - En euros
Base 100 en 2010
Faible utilisation du réemploi
L’association a également mené une analyse complémentaire dans 102 établissements. Il en ressort une difficulté à se faire servir une boisson à emporter dans son contenant. Par ailleurs, la réduction financière prévue n’est pas appliquée, en dehors de cinq chaînes (Starbucks, Prêt à manger, Pomme de pain, Exki et Le Pain quotidien), avec des montants entre 5 et 50 centimes. Se faire servir de la nourriture dans un contenant réemployable « est rarement possible » : « La possibilité est limitée à 30% des restaurants visités et souvent pour une partie limitée des plats », indique No Plastic In My Sea. En ce qui concerne l’eau du robinet, si toutes les enseignes acceptent d’en servir gratuitement, elles passent ce droit sous silence.
Liste des entreprises
Au vu de ces résultats, l’association recommande aux pouvoirs publics, aux filières professionnelles et aux associations de consommateurs de mieux informer tous les acteurs sur les dispositions de la loi. Elle propose aussi d’assouplir les process reposant sur l’usage unique et de collaborer avec les fabricants de contenants nomades pour définir une offre adaptée à la vente à emporter. De son côté, elle a lancé une campagne sur les réseaux sociaux pour développer l’information des consommateurs et annonce la publication sur son site Internet de la liste des entreprises – régulièrement mise à jour – acceptant les contenants et accordant une réduction.