La reprise encore insuffisante pour une baisse du chômage

par Yann Le Guernigou

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PARIS (Reuters) - L'économie française paraît bien condamnée à une reprise poussive en 2014, insuffisante pour provoquer une inversion de la courbe du chômage qui se stabiliserait à 11,0% de la population active au premier semestre, prédit l'Insee.

L'institut pense que le redémarrage de l'investissement des entreprises, sur lequel le gouvernement tablait pour faire baisser le chômage dès fin 2013, sera limité à un accompagnement de la croissance et ne saurait être le moteur de celle-ci.

Dans sa dernière note de conjoncture publiée jeudi, l'Insee table sur des progressions du produit intérieur brut de 0,2% au premier et au deuxième trimestres de l'an prochain, un rythme inférieur de moitié à celui de la fin 2013.

Car il confirme dans le même temps sa prévision de hausse de 0,4% du PIB pour le trimestre en cours, après la baisse de 0,1% enregistrée sur juillet-septembre, ce qui permettrait d'enregistrer sur l'ensemble de 2013 une croissance moyenne de 0,2% après la stagnation de 2012.

Les comparaisons du PIB en glissement sur 12 mois - +0,7% attendu fin 2013 contre -0,3% fin 2012 - témoignent du retournement de tendance intervenu cette année.

A partir de là, au 30 juin prochain, qui constitue l'horizon de prévision de l'Insee, l'acquis de croissance pour l'ensemble de 2014 s'élèverait à 0,7%.

A ce niveau, une stabilisation à 0,2% du rythme de croissance trimestrielle sur les six derniers mois de l'année suffirait à valider le scénario de hausse de 0,9% du PIB retenu par le gouvernement dans sa loi de finances, a indiqué Cédric Audenis, responsable du département conjoncture de l'Insee.

LE CICE PROFITE À L'EMPLOI

Dans ses précédentes prévisions, début octobre, l'Insee tablait sur une stagnation de l'économie française au troisième trimestre 2013 suivie d'un rebond de 0,4% au quatrième.

Tranchant avec le pessimisme des dernières enquêtes de Markit, l'Insee est confiante pour sa prévision du 4e trimestre, attendant un rattrapage des exportations après leur repli inhabituel, dû à l'aéronautique, du 3e trimestre.

L'anticipation de certaines dépenses par les ménages, liée à la hausse de la TVA et au durcissement du malus automobile prévus au 1er janvier, devraient dans le même temps soutenir la demande intérieure en cette fin d'année.

Une fois l'effet dissipé de ces facteurs ponctuels, c'est la demande extérieure adressée à la France qui devrait rester, comme c'est le cas depuis le printemps, le principal moteur de la reprise début 2014.

L'Insee estime que cette demande devrait progresser de 1,3% en moyenne sur le premier semestre et insiste parallèlement sur les nombreux freins internes qui empêcheront l'économie française d'en profiter pleinement.

Le premier tient à la vigueur de l'euro et à la poursuite, quoique de façon atténuée depuis le début de la crise, des pertes de parts de marché des exportateurs français.

La faiblesse de la demande intérieure en est un autre, l'Insee prévoyant une consommation des ménages en hausse de tout juste 0,1% au 1er comme au 2e trimestres.

Quant au chômage, l'Insee entrevoit un léger mieux dû aux emplois aidés et à un net ralentissement des destructions de postes dans le privé (4.000 au premier semestre), dû notamment aux effets du crédit d'impôt compétitivité emploi. Celui-ci permettrait la création de 15.000 postes par trimestre, après 30.000 sur l'ensemble de 2023.

PAS DE REBOND MARQUÉ DE L'INVESTISSEMENT

Sur l'ensemble des trois trimestres sous revue, l'Insee prévoit la création nette de 76.000 emplois dans l'ensemble des secteurs, un niveau toutefois insuffisant pour absorber une hausse de la population active qu'il chiffre à 113.000 sur la période.

En conséquence, le taux de chômage, qui était de 10,9% à la fin du 3e trimestre, se stabiliserait à 11,0% à la fin du premier semestre, une évolution bien loin de l'inversion de la courbe promise par François Hollande pour fin 2013.

L'investissement des entreprises, sur lequel le gouvernement compte pour prendre le relais des emplois aidés, ne devrait avoir qu'une contribution limitée, au vu de la stagnation des anticipations de croissance constatée dans les dernières enquêtes de conjoncture de l'Insee.

L'institut fait valoir qu'il n'a jamais été un élément moteur des reprises passées en France et qu'il a plutôt bien résisté dans la période de crise récente. "Nous n'attendons pas de rebond particulièrement marqué", a dit Cédric Audenis.

Après une progression de 0,7% au 4e trimestre 2013, essentiellement en contrecoup de la chute constatée au 3e trimestre dans le secteur des services, l'investissement des entreprises croîtrait au même rythme que le PIB au premier semestre 2014, pour afficher lui aussi un acquis de +0,7% au 30 juin.

Dans sa trajectoire des finances publiques, le gouvernement escompte qu'il progressera de 1,5% en 2014.

Edité par Yves Clarisse

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