Le modèle classique de développement du stockage d’électricité fondé sur le marché est aujourd’hui remis en cause. Certains régulateurs proposent désormais à l’extrême de réguler cette activité et de l'intégrer aux activités de réseau (transport ou distribution d'électricité). Vincent Rious et Sébastien Douguet, économistes chez de Microeconomix, se demandent si "le modèle concurrentiel a fait son temps ?"
Au sein de la chaîne de valeur électrique, le stockage d’électricité est traditionnellement assimilé à une activité concurrentielle, au même titre que la production d’électricité. L'exploitation du stockage se fonde ainsi sur des arbitrages entre les différents marchés électriques. Alors, comme la production, le stockage doit être complètement séparé des gestionnaires de réseau. Les conflits d’intérêt entre les natures concurrentielle et monopolistique de ces activités sont ainsi éliminés, ce qui permet d’assurer un meilleur fonctionnement du marché.
Le consensus remis en cause : régulation et intégration du stockage dans les activités de réseau
Ce consensus est aujourd’hui remis en cause par de nouveaux modèles de développement du stockage. En Italie, le gestionnaire de réseau de transport d’électricité Terna est autorisé depuis 2013 à exploiter certains systèmes de stockage, rémunérés par un tarif fixé par le régulateur, de façon similaire à des actifs de réseaux (lignes, câbles ou transformateurs électriques). En Allemagne et aux Etats-Unis, différentes réglementations sont actuellement mises en œuvre pour stimuler le développement du stockage (par exemple : tarif incitant à coupler des batteries avec de la production locale notamment photovoltaïque en Allemagne, objectifs de capacité de stockage installée à l'horizon 2020 imposés aux fournisseurs d'électricité en Californie).
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Cette évolution s’explique par l’idée que les règles de marchés actuelles ne permettent pas au stockage d’être développé et opéré de manière efficace dans toutes les situations, i.e. au moindre coût et en apportant une valeur maximale pour la collectivité. D’une part, il se peut que les règles de marchés ne permettent pas de rémunérer suffisamment les différents services du stockage par rapport à leur valeur pour le système électrique (par exemple : flexibilité temporelle, participation à la sécurité d’approvisionnement du système électrique).
D’autre part, certaines parties prenantes attendent une meilleure coordination entre le stockage et les activités de réseau.
Ainsi, le développement régulé d’actifs de stockage en Italie cherche à optimiser leur valeur dans les zones contraintes du système électrique italien, par exemple les systèmes insulaires ou le sud du pays congestionné par la production éolienne et photovoltaïque.
Le modèle concurrentiel demeure pertinent
Pour autant, la mise en œuvre d’alternatives ne sonne pas le glas du modèle concurrentiel. Au contraire, le développement par le marché reste pertinent dès que les règles de marchés permettent une rémunération des services de stockage en adéquation avec leur valeur pour le système électrique dans son ensemble.
Dans de bonnes conditions de marché, les acteurs devraient développer et exploiter le stockage d’électricité efficacement, i.e. au moindre coût et avec le maximum de valeur pour la collectivité.
Les modèles alternatifs sont alors justifiés par le fait que les marchés ne sont pas (encore ?) adaptés pour valoriser convenablement les services offerts par le stockage. Face aux défaillances de marché observées, la régulation du stockage ou son intégration dans les activités de réseau seraient des outils complémentaires au développement par le marché.
Elle ne serait mise en œuvre que lorsque les contraintes systémiques (congestions sur le réseau, systèmes isolés, pouvoir de marché) sont les plus fortes. Elle serait nécessairement dynamique et transitoire, et son évolution devrait suivre la correction des défaillances de marché et la résolution des contraintes du système.
Vincent Rious et Sébastien Douguet sont économistes chez Microeconomix
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