La presse promise à une consolidation, selon Louis Dreyfus
par Gwénaëlle Barzic
PARIS (Reuters) - La presse française va entrer dans une période de consolidation, prise en étau entre l'érosion de son lectorat, la volatilité des recettes publicitaires et le niveau élevé des investissements nécessaires à sa transformation, estime le président du directoire du groupe Le Monde.
Le groupe de presse, qui a signé un résultat d'exploitation positif ces deux dernières années, devrait terminer 2013 dans le rouge, pénalisé par un coup de frein des recettes publicitaires au quatrième trimestre, a indiqué lundi Louis Dreyfus lors d'un déjeuner de l'Association des journalistes médias.
"Ce qui est en train de se passer dans la presse en termes d'évolution des recettes et de transformation des usages va forcer à une consolidation", a expliqué Louis Dreyfus, à la tête du groupe depuis sa prise de contrôle par Pierre Bergé, Matthieu Pigasse et Xavier Niel fin 2010.
"Quand vous voyez les à-coups du marché publicitaire qui sont très violents aujourd'hui et la dégradation du système de distribution, il faut avoir les moyens de réallouer les ressources", a-t-il souligné.
Le cofondateur et président du directoire du groupe Le Nouvel Observateur, Claude Perdriel, a déclenché récemment une vague de spéculations en déclarant être à la recherche d'un ou plusieurs nouveaux actionnaires pour l'hebdomadaire dont il s'est dit prêt à céder le contrôle.
Dans le cadre du "Buzz média" du Figaro, il a notamment évoqué le nom du dirigeant d'Iliad Xavier Niel, ajoutant qu'un rapprochement entre Le Nouvel Observateur et Le Monde "aurait du sens".
Interrogé sur ce scénario, Louis Dreyfus a répondu qu'il ne pouvait pas répondre pour Xavier Niel, tout en soulignant que sa priorité était de pérenniser le modèle économique du groupe.
Son titre phare, le quotidien Le Monde, devrait limiter cette année la baisse de sa diffusion à -2,5%, a précisé Louis Dreyfus, quand d'autres titres connaissent des chutes sévères, à l'image de Libération (-16,5% sur neuf mois).
Le groupe, qui possède aussi Courrier International ou Télérama, devrait cependant essuyer une perte, plombé depuis octobre par un "trou d'air" des recettes publicitaires.
"Il y a une inquiétude générale des annonceurs (...) sur l'état de l'économie et sur l'état de la consommation en France", a expliqué Louis Dreyfus.
Pour s'adapter, le groupe, qui espère revenir dans le vert dès l'an prochain, veut continuer à contrôler ses coûts mais également miser sur différents relais de croissance.
Parmi différents projets à l'étude, le président du directoire a notamment évoqué le développement de nouveaux formats publicitaires en association avec les marques ("native advertising"), le lancement d'une édition numérique payante en soirée ou encore l'organisation d'événements.
Edité par Dominique Rodriguez