La méthode Hulot pour accélérer la transition énergétique
Nicolas Hulot annonce un accélérateur de transition écologique (AcTE) pour fixer le cadre de mise en œuvre économique de son plan climat et de la Loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015. Avec une priorité : l’élaboration de la programmation pluriannuelle de l’énergie 2019-2023.
Fixer des objectifs, c’est bien. Expliquer comment on va les atteindre, c’est mieux. C’est l’exercice auquel a tenté de se plier Nicolas Hulot, lors des traditionnels vœux à la presse pour l’année 2018. En juillet 2017, le ministre de la transition écologique et solidaire avait dévoilé un ambitieux Plan climat. En ce début 2018, il dégaine un Accélérateur de transition écologique, ou AcTE, censé fixer un cadre à sa mise en œuvre avec comme premier but d’atteindre les objectifs à moyens termes fixés par la loi de transition énergétique pour la croissance verte, que Ségolène Royal avait réussi à faire voter en 2015. Comment ? En mobilisant "l’ensemble des acteurs, entreprises, partenaires sociaux et organismes de formation", qui peuvent "saisir les opportunités en termes d’emplois, d’innovation et de prospérité offerte par la transition énergétique" dans les domaines des "transports, bâtiment, énergies renouvelables, hydrogène et efficacité énergétique", explique un communiqué. Objectif : organiser le dialogue et des vraies concertations des acteurs concernés avant de décider.
Prendre le temps de vraies concertations
Nicolas Hulot répète à qui veut l’entendre que « prendre le temps de la pédagogie n’est pas un renoncement, c’est une stratégie ». Et que malgré l’urgence climatique, "on ne peut pas imposer [la transition écologique] brutalement. On ne peut pas faire abstraction des conséquences économiques et sociales". Pour toutes les actions de son ministère, il impose désormais un temps de dialogue, avant toute décision, feuille de route ou plan d’action. "Il faut prendre le temps de la concertation, à bien distinguer de celui de l’information, explique-t-il. C’est l'un des enseignements à tirer de Notre-Dame-des-Landes. Souvent, les consultations citoyennes qui précèdent les décisions sont plus de l’information que de la concertation. Si on veut avancer, il faut étudier les propositions des citoyens ou des d’experts, qui sont souvent frappées au coin du bon sens. Or elles ne sont souvent pas prises en compte. A posteriori on se rend compte qu’on aurait dû explorer ces pistes."
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Un plan de libération des énergies renouvelables
Et Nicolas Hulot compte bien faire de la préparation de la PPE 2019-2023 un exemple. "La transition énergétique, c’est le secret de la prospérité énergétique de l’Europe, a expliqué le ministre. Cette année, ce qui va nous occuper, c’est la PPE. Il ne faut pas se louper. Il y a des scénarios posés sur la table, mais ce ne sont que des scénarios. Rien n’est figé. Si on le fait entre nous, sans écouter les intelligences externes, on n’atteindra pas cette transition désirable." L’enjeu est donc majeur mais complexe. Car selon Nicolas Hulot, l’objectif de cette PPE est bien "de réaliser tous les objectifs de la loi de transition énergétique, qui sont liés entre eux". Dans ces objectifs il y a la réduction de la consommation. Il y a aussi "le développement des énergies renouvelables en changeant d’échelle. C’est ce qui nous prend le plus de temps en ce moment car il y a beaucoup de verrous. On va les identifier un par un, avec pédagogie. Après l’éolien, on va lancer des groupes de travail sur le solaire et la méthanisation et on présentera début mars un plan de libération des énergies renouvelables, qui sera intégré dans la PPE".
Un point précis sur la fermeture des réacteurs nucléaires
Dans les objectifs de la loi, il y a surtout l’objectif de passer la part du nucléaire à 50 % dans la production d’électricité. "L’objectif est maintenu, mais on ne peut pas le faire au doigt mouillé, a rappelé le ministre. Il faut le faire en menant les autres objectifs. On est sur un sujet délicat. On prendra cette année le temps qu’il faut et on sera précis sur les réacteurs qu’il faudra fermer, à quelle échéance, et selon quels critères. Cet objectif avait été inscrit, mais il n’avait pas été pensé", observe Nicolas Hulot. Ce n’est pas le seul. "J’ai récupéré parfois des dossiers, des situations, qu’on a laissé se dégrader au fil du temps et que je ne peux pas faire disparaître d’un coup de baguette magique", a rappelé le ministre.
Un plan hydrogène et une feuille de route économie circulaire
AcTE, dont certains des programmes sont déjà engagés, sera présenté dans sa globalité au printemps 2018. Mais d’ici là, d’autres plans doivent être élaborés et présentés, toujours après concertation. Outre le plan de libération des énergies renouvelables, le ministre a ainsi rappellé que la feuille de route sur l’économie circulaire, qui doit comprendre un volet sur le recyclage total des plastiques et un plan de lutte contre l’obsolescence programmée, doit être publiée en mars. Il a aussi évoqué le plan sur l’efficacité énergétique des bâtiments, sur la mobilité durable et pour l’hydrogène. "J’y crois beaucoup, même si la démonstration économique n’est pas encore faite."
Nicolas Hulot a aussi annoncé un pacte de croissance de l’économie sociale et solidaire en mars et une session supplémentaire aux états généraux l’alimentation, dont il n’était pas satisfait des conclusions. "Vous verrez qu’on va revenir à l’ouvrage d’ici au salon de l’agriculture", a-t-il prévenu. Il a annoncé également des assises de l’eau et le lancement d’une grande réflexion sur la condition animale. Enfin, il souhaite lancer fin 2018 ou début 2019 un sommet des peuples premiers ou racines, pour "engager un dialogue entre le monde de la spiritualité et le monde de la modernité", a-t-il précisé. 2018 s’annonce donc plus que dense pour le ministre et ses équipes. "L’année va être lourde", a-t-il prévenu d’entrée. Si peu !
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