La HAS reste défavorable au remboursement de l'homéopathie
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\ 08h59
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Il appartient désormais à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, de trancher, a priori dans les jours ou les semaines qui viennent.
Les conclusions de la HAS ne faisaient guère de doute puisque l'autorité avait rendu mi-mai un avis provisoire allant dans le même sens. Les recommandations définitives, publiées au terme d'une procédure contradictoire, avaient par ailleurs largement filtré dans la presse.
Au terme de neuf mois de travail, l'autorité dit s'être fondée sur des données scientifiques concernant 24 affections et symptômes traités par homéopathie - troubles de l’anxiété, verrues plantaires, infections respiratoires aigües chez l’enfant, par exemple.
"Pour l’ensemble de ces affections et symptômes, la commission de la transparence a considéré que ces médicaments n’ont pas démontré scientifiquement une efficacité suffisante pour justifier d’un remboursement", peut-on lire dans un communiqué publié par la HAS.
Celle-ci relève une "absence de preuve de l’efficacité", une "absence d’étude robuste permettant d’évaluer l’impact des médicaments homéopathiques sur la qualité de vie des patients" et une "absence d’impact attribuable aux médicaments homéopathiques sur la consommation d’autres médicaments, la diminution du mésusage, le nombre d’hospitalisations, les retards à la prise en charge ou sur l’organisation des soins".
Elle estime également qu'il n'y a "pas de nécessité de recourir systématiquement à des médicaments (classiques ou homéopathiques) pour traiter des pathologies sans gravité ou qui guérissent spontanément".
Agnès Buzyn a fait savoir dans le passé qu'elle se rangerait à l'avis de la HAS.
Boiron, l'un des trois fabricants concernés avec Lehning et Weleda, a renouvelé vendredi ses critiques contre cette procédure.
"Cet avis a été rendu dans un temps record, et ne tient pas compte de la spécificité des médicaments homéopathiques", notamment de leur intérêt de santé publique, a réagi le laboratoire dans un communiqué.
"Alors que plus de 20.000 médecins prescrivent régulièrement des médicaments homéopathiques et que plus de 1.100.000 Français ont d'ores et déjà manifesté leur attachement au maintien du remboursement de ces médicaments, la décision revient désormais au gouvernement", est-il également écrit.
Le titre du laboratoire français Boiron - dont 60% de l'activité serait impactée directement par une modification du taux de remboursement - a été à nouveau suspendu jeudi à la Bourse de Paris à sa demande, en raison de fuites dans la presse sur l'avis de la Haute Autorité de Santé.
Le titre avait déjà été suspendu mi-mai après des informations sur le projet d'avis de la Haute autorité de santé.
(Gilles Guillaume et Simon Carraud, édité par Myriam Rivet)