La France vend 36 Rafale à l'Inde

En 2019, les premiers Rafale devraient être livrés à l'Inde. Ces livraisons devront s'échelonner sur deux ans et demi. Avec près de 8 milliards d'euros de montant, c'est le plus gros contrat signé en aéronautique militaire par la France. Dassault Aviation et ses principaux partenaires s'engagent pour investir industriellement en Inde pour un montant de l'ordre de 4 milliards d'euros.

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La France vend 36 Rafale à l'Inde
Jean-Yves Le Drian et son homologue indien Manohar Parrikar

Fébriles jusqu'à la dernière minute, même dans l'avion qui les conduisait jusque New Delhi dans la nuit du jeudi au vendredi, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian et les industriels de la Team Rafale (Dassault Aviation, Thales, Safran) n'avaient voulu vendre la peau de l'ours... avant d'avoir signé le contrat. C'est désormais chose faite. Jean-Yves Le Drian et son homologue indien Manohar Parrikar ont paraphé un contrat de plus de 10 000 pages organisant la vente de 36 Rafale par la France vers l'Inde. Il s'agit en effet d'un contrat de gouvernement à gouvernement. Le montant du contrat s'élève à près de 8 milliards d'euros. Selon des proches du dossiers, les Indiens, habiles négociateurs, auraient réussi à négocier un rabais d'un milliard d'euros. Le clan tricolore ne boude pas pour autant son plaisir. "C'est le plus gros contrat d'aéronautique militaires signé par la France", se félicite un proche du ministre.

Contreparties

Les livraisons des Rafale indiens vont démarrer en 2019. Elle devront s'échelonner sur deux ans ou trois ans. Cela pérennisera la cadence 2. La chaîne d'assemblage produira ainsi plus de 20 Rafale par an. Le contrat prévoit également de la part de la France un soutien et une maintenance des appareils pour une durée de cinq ans. "Ce contrat pourrait avoir un effet considérable auprès d'autre pays. L'Inde est en effet une grande puissance reconnue internationalement. Elle doit assurer sa sécurité face à des voisins comme la Chine et le Pakistan", estimait Jean-Yves Le Drian quelques heures avant la signature du contrat. Typiquement, les Malaisiens, avec qui Dassault Aviation est déjà en négociation, sont très attentifs aux choix indiens en matière d'équipements militaires.

Si les Rafale ne seront pas produits en Inde mais prélevés directement de la chaine d'assemblage de Mérignac en Gironde, les industriels s'engagent à des contreparties, les fameux "offsets" dans le jargon militaire. Ainsi, Dassault Aviation, Safran, Thales et MBDA essentiellement, s'engagent à investir 50% de la valeur du contrat en Inde sous forme d'investissements, d'achats d'équipements ou de technologies. "Cela concerna essentiellement des investissements dans les domaines de la défense et de l'aéronautique civile. Dassault Aviation compte investir industriellement en Inde sûrement à travers un partenariat avec un acteur local que nous pourrons choisir", a précisé Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation.

Les retombées pour l'industrie de défense sont multiples

Avec ce contrat, le ministère de la Défense fait coup double. Il pérenise la supply chain du Rafale et consolide définitivement la loi de programmation militaire de 2014-2019 qui reposait sur des paris comme la signature de contrats à l'export. La globalité des contrats export assure en effet le doublement de la cadence du Rafale sur plusieurs années. Cela pourrait occasionner le recrutement de 2000 à 3000 personnes pour renforcer les 7000 personnes déjà mobilisées par la production de l'avion de combat tricolore à travers 500 entreprises sous-traitantes.

En 2014, lors de la définition de la loi de programmation militaire (LPM), les plans prévoyaient qu'on reporte l'acquisition de 64 Rafale destiné à l'origine à l'armée de l'air tricolore au-délà de 2020 en les substituant par des Rafale export pour au moins maintenir la cadence minimale d'un Rafale par mois nécessaire pour la supply chain de l'avionneur. En gagnant les contrats en Egypte, au Qatar et en Inde, soit un total de 84 appareils vendus à l'étranger, le ministère de la Défense dépasse ses objectifs. "Si on n'avait pas vendu autant de Rafale à l'export, cela aurait été aux dépens d'autres programmes. On aurait acheté moins de drones et d'avions ravitailleurs", explique une source gouvernementale.

Enfin pour Dassault Aviation, l'optimisme est plus que jamais d'actualité. "Nous signerons d'autres contrats Rafale à l'export. Nous avons des touches", précise Eric Trappier. Il n'exclut pas de vendre à terme autant de Rafale à la France qu'à l'export, soit environ près de 225. Une performance que l'avionneur avait réalisé avec le Mirage 2000.

A New Delhi, Hassan Meddah

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