La France, homme malade de l'Europe ? Pas si vite !

par Jean-Baptiste Vey

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PARIS (Reuters) - Le redressement des économies britannique et espagnole fait ressurgir la thèse d'une France "homme malade de l'Europe" qui freinerait la reprise de la zone euro. "Pas si vite !", répondent des économistes, pour qui la France n'est pas condamnée au déclin, à condition de continuer à se réformer.

Certains soulignent en outre que la consommation française reste l'un des rares moteurs de la croissance de la zone euro et qu'il faut donc la préserver, en réformant l'économie du pays à mesure que l'activité accélère ailleurs en Europe.

Après une série de réformes depuis l'élection de François Hollande, saluées bien que souvent considérées comme timides - en particulier celle des retraites - c'est sur la poursuite des réformes que se concentrent les inquiétudes, plus que sur les performances économiques du pays.

A court terme, le diagnostic de l'économie française est incertain : les derniers indices PMI pointent vers une récession fin 2013, tandis que la Banque de France prévoit un net rebond. Pour 2014, la croissance y est prévue plus faible que la moyenne de la zone euro, une première depuis plusieurs années, mais supérieure à celle de l'Espagne ou de l'Italie.

Le Royaume-Uni connaît quant à lui une forte dynamique avec trois trimestres consécutifs de hausses du PIB, dont deux très nettes, mais l'économie n'y a toujours pas retrouvé son niveau d'activité d'avant-crise, quand la France y est presque.

"La France nouvel homme malade de l'Europe ?", s'interroge Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de l'institut Xerfi. "Le discours vire tellement à la caricature aujourd'hui que l'on atteint l'overdose avec ce qui ressemble de plus en plus à un pur marketing intellectuel".

"Les économies ont la vie plus dure que le prophétisent les Cassandre obsessionnels", ajoute-t-il, dans une vidéo diffusée lundi. Malgré le problème de compétitivité, les déficits des comptes sociaux ou le poids de la dette, "les lacunes françaises demeurent dans la mesure du réformable", juge-t-il.

DOUTE SUR LE RYTHME DES RÉFORMES

François Hollande et son gouvernement donnent peu de gages sur la poursuite de ces réformes, demandées maintes fois par les institutions internationales. Et l'annonce d'une "remise à plat" de la fiscalité n'a pas comblé les attentes des analystes, qui peinent à voir comment elle dynamisera l'économie si les prélèvements ne baissent pas.

Les ressorts existent pourtant, en approfondissant les réformes et en les mettant en oeuvre au bon moment, disent-ils.

"La France est-elle l'homme malade de l'Europe ? Non mais elle peut le devenir", estime Fabrice Montagné, économiste chez Barclays. "La France n'est pas en train de couler mais elle ne se donne pas les moyens de ses ambitions", ajoute-t-il.

"Les économistes veulent toujours avoir un big bang des réformes tout de suite mais ce n'est pas réaliste. Le programme de réformes 'step by step' du gouvernement pendant les neuf premiers mois était une réponse élégante, à condition d'aller jusqu'au bout. Aujourd'hui, nous regrettons le manque de cohérence, conséquence de l'arrêt des réformes", poursuit-il.

Les économistes de Crédit suisse appellent eux aussi à amplifier la réforme du marché du travail et les mesures visant à améliorer la compétitivité des entreprises.

"Des pas ont été faits dans la bonne direction mais il faut faire plus", écrivent-ils dans une note, en insistant sur la nécessité de le faire sans casser la consommation des ménages.

"Risquer de tuer un des rares moteurs de la croissance dans la zone euro - la consommation française - n'est pas une bonne idée", poursuivent-ils. "La France doit construire un solide programme de réformes et mettre en oeuvre ces réformes pour de bon seulement quand la consommation aura décollé en Allemagne."

Ils soulignent au passage que les réformes allemandes des années 2000 avaient justement été mises en oeuvre au moment où la consommation était dynamique dans le reste de la zone euro.

Edité par Yves Clarisse

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