Avec 26 % de plastique récupéré, la France est le cancre européen du recyclage
La France ne recyclerait que 26 % des emballages et des objets en plastique selon une enquête publiée le 8 mars. Alors que le gouvernement souhaite recycler la totalité du plastique pour 2025, la France accuse un retard important par rapport aux autres pays européens. La valorisation des déchets plastiques progresse, mais trop lentement.
Mis à jour
08 mars 2018
Seuls 26 % des emballages et des objets en plastique sont recyclés en France aujourd’hui... alors que le gouvernement doit présenter en Mars une feuille de route pour parvenir à 100 % de plastique recyclé en 2025. Ce décalage important est révélé par une enquête publiée le 8 mars par le magazine 60 millions de consommateurs.
Un retard dû à l’existence de nombreux produits qui ne sont pas encore recyclables tels que les jouets, le mobilier en PVC, les gants jetables en plastique ou bien les barquettes alimentaires en polystyrène expansé. Selon la publication, moins de 3 % des emballages en plastique (en dehors des bouteilles et des flacons) ont été recyclés en 2016. Et la part des matières premières recyclées ne représenterait que 6 % dans la production de plastiques.
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La route qui mènera la France à recycler 100 % de ses plastiques est encore longue. Et de nombreux indices laissent penser que l’objectif fixé par le gouvernement ne sera pas atteint en 2025. "Il y a bien une dynamique, reconnaît Hervé Millet, directeur des affaires techniques et réglementaires Europe de l’Ouest de PlasticsEurope, mais les effets risquent de prendre du temps".
L’association européenne des producteurs de plastiques PlasticsEurope a présenté jeudi 11 janvier son étude bisanuelle portant sur les déchets post-consommation en Europe en 2016. L’occasion de constater le très mauvais classement de la France, qui figure parmi les pays qui recyclent le moins leurs plastiques en Europe. Selon les chiffres avancés par Conversio Market et Strategy GmbH pour le compte de l’association, sur les 3,4 millions de tonnes de déchets plastiques produits en France en 2016, deux tiers ont été valorisés et un tiers recyclé, soit environ 758 000 tonnes. "La France a du retard. Les effets de la loi de transition énergétique votée en 2015 ne sont pas encore visibles", admet Hervé Millet. La France se situe d’ailleurs à la 25e position dans l’UE 28+2 pour son taux de recyclage. Un bien mauvais élève face au trio de tête constitué par la Norvège (43,4%), la Suède (40,6%) et l'Allemagne (37,7%).
Un peu plus de 26% des emballages recyclés
Représentant 64% des déchets, les emballages constituent le poids lourd des plastiques en France face aux secteurs de l'agriculture, l'ameublement et les loisirs. Pour autant, leur taux de recyclage n’atteint que 26,2%, quand la performance européenne s’élève à 40,9%. "Ce chiffre devrait s’améliorer avec l’extension des consignes de tri dans tous les territoires", affirme Hervé Millet. De même que l’application effective du décret cinq flux, qui oblige les acteurs économiques, industriels et commerciaux, à trier leurs déchets recyclables - papier, bois, verre, métal et plastique - et la Loi de transition énergétique qui fixe l’objectif de réduire de 30% d'ici 2020 puis 50% d'ici 2025 les volumes de déchets non dangereux non inertes. Maigre source de fierté cependant, la France fait mieux que la moyenne européenne dans le domaine du recyclage de ses déchets électriques et électroniques. Ainsi, sur les 179 000 tonnes produites en 2016, 22,3% ont été recyclées, contre 21,3% en Europe.
L'enfouissement des emballages en baisse continue
La réduction de la mise en décharge des déchets d’emballage de 2006 à 2016 atteste que la France est sur la bonne voie mais doit encore redoubler d’effort pour maximiser leur valorisation. Cette mise en décharge est ainsi passée de 796 à 640 tonnes enfouies, sans pour autant croiser la courbe de recyclage qui, malgré ses 30% d’augmentation, s’est établie à 572 tonnes en fin de période. Le taux de valorisation a quant à lui progressé de 23 % en passant de 790 tonnes à 975 tonnes en 6 ans. Au final, la valorisation des emballages plastiques a représenté 1547 tonnes sur un total de 2187 tonnes produites en 2016. "Notre vision est de viser 100% de valorisation des déchets plastiques comme c’est le cas dans certains pays, avec un taux de recyclage le plus important possible", a insisté le représentant de PlasticsEurope.
"La valorisation progresse trop lentement"
Pour y parvenir, Hervé Millet a indiqué ses pistes. L’amélioration de l’éco-conception représente l’un des axes, "à condition toutefois que cela ne nuise pas à la fonctionnalité et à l’impact environnemental du produit sur l’ensemble de son cycle de vie." En outre, il a milité pour l’utilisation de davantage de plastiques recyclés. Pour y parvenir, il a réclamé des aides financières, comme le dispositif ORPlast de l’Ademe, pour inciter les transformateurs à utiliser davantage de matières premières secondaires. Il a aussi insisté pour que les normes "produits" excluant l’utilisation des plastiques recyclés sans justification en matière de performance soient révisées.
Du plastique pour alimenter les caisses de l’Europe
La Commission européenne, à la recherche de recettes nouvelles pour compenser le Brexit, a indiqué mercredi 10 janvier son intention de taxer les plastiques.
Les caisses de l’Union Européenne devraient avoir plus de mal à se remplir après le départ du Royaume-Uni en 2019. Ce dernier a bien prévu de verser sa part jusqu’en 2020, échéance du budget pluriannuel actuel, mais l’avenir du budget inquiète les repésentants européens. La Commission a en effet évalué le manque-à-gagner entre 12 et 14 milliards d'euros, sur un budget global de près de 158 milliards en 2017. Une paille pour l'Europe ? Une paille en plastique, alors. La taxation de ce matériau mal recyclé est une des solutions de compensation avancées par le commissaire chargé du budget, Günther Oettinger. Une idée qui aurait l'avantage de faire d’une pierre deux coups : générer une nouvelle source de recettes tout en réduisant les déchets. Si le commissaire allemand n'a pas encore donné de détails sur cette taxe ou sur les gains attendus, il a en revanche rappelé que la commission publierait en mai des propositions pour le prochain « cadre financier pluriannuel » couvrant la période à partir de 2020.
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