La Fondation Mérieux célèbre 50 ans d'action vers les pays en développement
La Fondation Mérieux, spécialisée dans l'infectiologie, fêtait en septembre ses 50 ans d'existence. L'occasion de faire un point complet sur ses actions qui ont su s'adapter aux nouveaux enjeux de santé.
Le centre des congrès des Pensières offre une vue imprenable sur le lac d'Annecy et sur la maison familiale ayant appartenu à Simone Mérieux, la mère d'Alain Mérieux, président de la fondation du même nom. Ce dernier, en maître des lieux, a profité de l'anniversaire des 50 ans de la fondation pour retracer son histoire qui se mêle à celle de l'évolution de l'infectiologie et esquisser une perspective pour les années à venir : « Pour contrer cette menace infectieuse, il nous faut inventer de nouveaux modèles, partir du terrain et toujours inscrire notre action dans le long terme ». Créée en 1967, la Fondation Mérieux est dédiée à la lutte contre les maladies infectieuses dans les pays en développement. Dans les années 60, l'engagement d'un industriel de la pharmaceutique envers ces pays était presque une faute de management. Historiquement, la fondation s'est développée autour du besoin en vaccination, puis a fait évoluer son action pour pallier une offre insuffisante en matière de diagnostic avec l'ouverture de laboratoires d'analyse. « Au Mali, la fondation a fourni des équipements d'analyse, avec notamment une unité de haute sécurité P3, basée à Bamako, en première ligne pour les suspicions de virus Ebola », cite en exemple le Pr Ogobara Doumbo. Depuis ses premiers pas et la fourniture de vaccins, la fondation a naturellement accompagné l'évolution de la santé publique. « Nous sommes passés d'une lutte contre les maladies à une prise en compte de la santé globale de l'individu », rappelle Alain Mérieux. L'anniversaire de la fondation était ainsi l'occasion de retracer quelques actions emblématiques et de mettre en avant les programmes en cours. Des actions autour de la relation mère-enfant, qui répondent à des problématiques de santé émergentes, liées aux flux de réfugiés et au réchauffement climatique.
La relation mère-enfant comme clé du développement
VOS INDICES
source
205 +1.49
Février 2023
PVC
Base 100 en décembre 2014
172.7 -2.15
Janvier 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 20.1 − Produits chimiques de base, engrais, Produits azotés, plastiques, caoutchouc synthétique
Base 100 en 2015
97.9 +0.51
Janvier 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 21.20 − Préparations pharmaceutiques
Base 100 en 2015
Les actions de la fondation ont ainsi évolué vers des programmes à première vue éloignés de l'infectiologie et du diagnostic. À Haïti, « nous avons mené des programmes de formation professionnelle, donné accès au micro-crédit à des jeunes mères séropositives. Nous avons également développé des actions d'alphabétisation : une mère qui sait lire, c'est une mère qui va mieux prendre en charge sa santé et celle de son enfant », rappelle le Dr Jean-William Pape, précurseur dans la lutte contre le sida à Haïti, dès le début des années 80. Au sein des centres Gheskio, dédiés aux personnes séropositives, c'est ainsi une prise en charge globale de la santé qui est proposée sous forme d'un « guichet unique » pour les populations pauvres et vulnérables. Autre exemple au Liban, où la plaine de la Becca accueille des milliers de réfugiés syriens, dans des conditions extrêmement précaires. La fondation a développé, avec l'université Saint-Joseph de Beyrouth, une étude pour la prise en charge des infections pulmonaires, fréquentes chez les enfants réfugiés. Un équipement de laboratoire, financé par la fondation, permet désormais d'identifier les pathologies respiratoires pour un diagnostic plus rapide et un meilleur traitement. À ces risques s'ajoute la question du réchauffement climatique. Jean-William Pape rappelle ainsi la situation d'Haïti : « Pour donner un ordre de grandeur de l'exposition d'Haïti aux catastrophes naturelles, sur 1,25 million de morts recensés par l'ONU en 16 ans de catastrophes dans le monde, 20 % sont haïtiens ». Des zones du globe vulnérables à de multiples facteurs qui appellent à une évolution de la prise en charge en santé. Pour faire face à ces problématiques, Alain Mérieux souhaite davantage de mobilisation politique : « La France doit se réaffirmer au niveau mondial, et pour cela, mieux coordonner les forces vives nationales. Il faut bien sûr des moyens supplémentaires, mais surtout une vision à long terme et une volonté qui soient communes à l'ensemble des acteurs publics et privés français. ». Cette journée anniversaire a enfin été l'occasion d'ouvrir une réflexion sur la condition des chercheurs dans les pays en développement et les possibilités de poursuivre une carrière dans son pays natal, après une formation universitaire en Europe ou aux États-Unis. « Les choses évoluent, la procédure de délivrance des visas pour nos chercheurs qui souhaitent se rendre en Europe est accélérée. Les gouvernements ont également compris qu'il fallait faire un effort sur les rémunérations pour des chercheurs qui décrochent des bourses ou des subventions importantes », a précisé le Pr Doumbo qui, après une formation universitaire à Marseille, est retourné exercer au Mali. Un message d'optimisme qui reflète la tonalité des différents intervenants de cette journée anniversaire.
LA FONDATION MÉRIEUX EN CHIFFRESCréé en 1967 par Charles Mérieux en mémoire de son père Marcel Mérieux, fondateur de l'Institut Mérieux, la fondation intervient dans 19 pays, elle s'appuie sur un réseau de 19 unités de recherche appliquée et a construit 13 laboratoires et rénové 31 laboratoires hospitaliers. La fondation emploie plus de 100 collaborateurs dans 13 pays et dispose de près de 25 millions d'euros de budget dont près de la moitié sont d'origine familiale. Depuis 2001, la Fondation Christophe et Rodolphe Mérieux, qui bénéficie de fonds propres, s'articule en partenariat avec la Fondation Mérieux sur les questions liées aux maladies infantiles dans les pays en développement.