La filière fioul domestique veut lancer un biofuel au colza français
Plan climat oblige, la nouvelle feuille de route énergétique prévoit le remplacement de 1 million de chaudières au fioul par des alternatives moins carbonées. La filière fioul domestique réagit en proposant d’inclure 10 % puis 30 % de biofuel à base de colza français dans son produit pour améliorer son bilan carbone.
Avec le charbon, le fioul domestique est la principale cible de la nouvelle feuille de route énergétique de la France, la fameuse PPE (programmation pluriannuelle de l’énergie). Elle prévoit en effet le remplacement par des solutions moins émettrices de CO2 (gaz, électricité, bois énergie) de 1 million de chaudières au fioul sur les 3 millions installées en France.
La Fédération française des combustibles, carburants et chauffages (FF3C), ne pouvait rester sans réagir. 1500 entreprises employant 15 000 personnes sont en effet concernées par cette mesure, injuste pour la FFC3. Le fioul est une "victime expiatoire" de la PPE, explique Eric Layly, le président fédéral de la FF3C, car selon lui, de toute façon "il n’existe pas réellement d’énergies propres". Un communiqué de janvier 2019 de la FF3C parle même de "sacrifice sur l’autel du nucléaire".
VOS INDICES
source
En réaction au projet de PPE
La FF3C s’est tournée pour vers le cabinet de conseils Sia Partners pour trouver une solution. Ce denier lui a proposé un plan de sauvetage de la filière qui passe par le "verdissement" de son produit comme les autres filières énergie l’on déjà fait, explique Charlotte de Lorgeril, partenaire associée de SIA Partner. De fait, si on parle depuis longtemps de biogaz, d’électricité verte, de chaleur durable voire même de biopropane, on ne parle jamais de biodiesel, alors qu’à la pompe le gasoil en contient déjà 7 %.
S'inspirer du biopropane
La FF3C veut donc lancer le biofuel avec deux produits. Le F10, contenant 10% de biofuel à base de colza français, pourrait être généralisé sur le marché d’ici à 2024 sans modification des chaudières récentes. Le F30, contenant 30% de biofuel, pourrait être lancé ensuite mais nécessiterait de changer de brûleur, voire de chaudière pour les plus anciennes. Le surcoût serait de 2 à 5 centimes d’euros pour le F10 et de 6 à 7 centimes pour le F30.
Incorporer 10% puis 30% de biofuel
La filière rêve aussi de passer au 100% biofuel d’ici à 2040 voire 2050, grâce au développement de la production de produit de synthèse ou à base d’autres ressources que le colza français, comme les huiles recyclées. On n’en est pas là. Si comme pour le diesel, il lui est possible d’incorporer jusqu’à 7% de biofuel dans son produit, il lui faudra modifier la réglementation pour aller au-delà.
Changer la réglementation
Il lui faut aussi gagner son recours au Conseil d’État contre le décret "coup de pouce chaudière" du 11 janvier 2019 qui permet d’obtenir des aides pour le remplacement d’appareils vétustes, énergivores et polluants par des équipements utilisant des énergies fossiles à l’exclusion des solutions utilisant le fioul domestique.
Les pétroliers et la filière colza en soutien
Ce projet de la FF3C est soutenu par l’Ufip (Union Française des Industries Pétrolières), la FFPI (Fédération Française des Pétroliers Indépendants), EsteriFrance représentant la filière biocarburant au colza qui garantit que la ressource nécessaire serait déjà disponible. Le biofuel pourrait de plus venir compenser le déclin annoncé du diesel et donc du biodiesel, premier débouché de l’huile de colza français.
SUR LE MÊME SUJET
2Commentaires
Réagir