"La filière de l'éolien prête à s’engager dans un pacte industriel avec le gouvernement", selon Nicolas Wolff
Le Colloque national de l’éolien organisé par le Syndicat professionnel France énergie éolienne (FEE) se tient à Paris, ce jeudi 10 octobre, au Carrousel du Louvre. La filière veut redémarrer après trois années moroses. Nicolas Wolff, le président de FEE, déplore l’injonction paradoxale faite à l’éolien français - des objectifs mais des blocages - et propose un pacte industriel au gouvernement.
L'Usine Nouvelle - Quelles sont les dernières évolutions du marché de l’éolien en France ?
Nicolas Wolff - Les installations au premier semestre 2013 ont chuté de 26% sur un an à 200 mégawatts (MW). Nous entrevoyons aujourd’hui une année 2013 médiocre avec 750 MW installés. Nous n’avons toujours pas inversé la tendance depuis le pic de 2009. Le marché fonctionne mal. Il n’arrive pas à produire suffisamment de projets pour développer la filière.
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Quel est l’état de la filière aujourd’hui ?
Nous avons réussi à limiter la casse en faisant sauter des verrous comme les zones de développement de l’éolien ou la règle des cinq mâts. Mais la baisse du marché représente un manque à gagner, notamment en termes d’emplois. Un MW installé, c’est 1,4 emploi créé en France ! L’éolien, c’est aujourd’hui 11 000 emplois directs. Ce sont 150 PME-PMI qui fournissent les fabricants de turbines et une balance commerciale à l’équilibre. Mais l’éolien français pourrait aller beaucoup plus loin sur tous ces points.
La France a pourtant des objectifs ambitieux…
L’éolien français est soumis à une injonction paradoxale : d’un côté, le Grenelle de l’environnement a fixé un objectif de 25 000 MW d’éolien (dont 6 000 MW offshore) à l’horizon 2020. De l’autre, la mise en œuvre du Grenelle 2 a tout fait pour torpiller la filière. Obtenir un permis de construire pour un projet éolien en France est très difficile et très long. Cela prend 6 ans au lieu de 2 ans en Allemagne. Et la situation ne s’arrange pas : les couches de réglementation s’empilent année après année, les permis sont de plus en plus attaqués, avec des taux de recours qui atteignent 40%, et les coûts et les délais du raccordement au réseau sont à la hausse.
Comment inverser la tendance ?
Nous avons proposé, cet été, un pacte industriel au gouvernement. Il a été bien reçu tant au ministère de l’Ecologie qu’à celui du Redressement productif. L’ensemble des industriels de l’éolien présents en France sont prêts à s’engager en matière de création d’emplois, d’optimisation de la présence française dans la chaîne de valeur, d’efforts pour rendre l’électricité éolienne plus compétitive, et enfin d’innovation, notamment en créant des ponts avec l’automobile et l’aéronautique. En contrepartie, nous attendons une simplification des procédures d’obtention des permis, un encadrement des recours pour éviter les abus et un raccordement au réseau facilité. Nous espérons que la loi de programmation sur la transition énergétique qui devrait être présentée en 2014 prendra en compte nos demandes pour relancer l’éolien en France.
Propos recueillis par Manuel Moragues
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