La direction de Vale nie avoir été avertie de la fragilité du barrage de Brumadinho
Le directeur financier de la minière brésilienne Vale, Luciano Siani, a affirmé le 12 février n’avoir pas eu connaissance de documents internes révélés par Reuters faisant état d’un risque de rupture de son barrage de Brumadinho deux fois plus élevé que le niveau de risque maximum toléré selon les normes de l’entreprise.
Mis à jour
13 février 2019
Daté du 3 octobre, un rapport interne à Vale avait classé le barrage de Brumadinho, qui s’est effondré fin janvier, à un niveau de risque deux fois supérieur aux normes internes de l’entreprise. Luciano Siani, directeur financier de Vale, a affirmé le 12 février que la direction n’avait pas eu connaissance de ce rapport révélé par l’agence Reuters. "Si un pilote et un mécanicien détectent un problème, ils doivent avoir l’autonomie de prendre des décisions immédiates sur le terrain, et si vous faites remonter cela à la direction, cela peut avoir un impact sur la rapidité de ces décisions", a expliqué Luciano Siani, qui ajoute qu’il "y a eu beaucoup de controverses sur l’opportunité de transmettre les détails techniques à la direction générale". Il a précisé que les recommandations du rapport pour réduire ce risque, comme la réduction du niveau d’eau, étaient en cours d’application quand l’ouvrage a lâché.
Une méthode de construction non recommandée dans les meilleurs techniques disponibles
La rupture de barrage survenue dans l’Etat brésilien du Minas Gerais, qui a fait 165 morts et près de 200 disparus pour lesquels il reste peu d’espoir, est la deuxième en trois ans. En 2015, le barrage de la mine de fer de Samarco (une coentreprise Vale-BHP) avait lâché, provoquant l’une des pires catastrophes environnementales du pays et de l’industrie minière en général.
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Vale s’est engagé à reprendre la conception de tous ses barrages construits selon la méthode "amont", considérée comme moins fiable que la méthode "aval" qui consiste à élargir la base du barrage en même temps que son sommet lors du remplissage du parc à résidus miniers. Un chantier dont le coût est évalué à plus d’un milliard d’euros. L'Agence minière nationale du Brésil évoque d'ailleurs une interdiction des barrages miniers du type de celui de Brumadinho. Le Brésil en compte 88, selon son directeur Eduardo Leao.
Selon un décompte récent de l’Ineris, sur les 289 accidents intervenus sur des ouvrages de rétention (barrages et digues) entre 1915 et 2016, lorsque la méthode de construction est renseignée, 58% des accidents sont intervenus sur des barrages "amont" (méthode ascendante) et 17% sur des barrages "aval" (méthode descendante). L'inconvénient de cette dernière étant la quantité de matériaux nécessaire, plusieurs fois supérieure à celle utilisée dans la méthode amont dont on comprend la fragilité sur le schéma ci-dessous.
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