La dernière chance du superéthanol-E85
La filière bioéthanol mise sur l’homologation des boitiers flex-fuel de seconde monte pour relancer la consommation de carburant superethanol-E85 auprès des particuliers.
La filière bioéthanol française peut souffler. Le carburant SP95-E10 est devenu en 2017 l’essence la plus distribuée en France avec une part de marché de 38,8%. 61% des stations essence la distribuent et 97% du parc roulant des véhicules à essence est compatible, contre 65% en 2009. Le déclin annoncé du diesel devrait confirmer son succès à la pompe.
Du côté de l’Europe, la route se dégage aussi. Dans le cadre de la préparation de la directive Energies renouvelables II pour 2020-2030, la Commission européenne voulait ramener à 3,8% la part des biocarburants de première génération et à 10% la part des énergies renouvelables dans les transports. Dans leurs avis rendus fin 2017 et début 2018, le Conseil de l’Europe et le Parlement européen proposent eux de rester à 7% de biocarburants 1G et de viser 12 à 14% d’EnR dans les transports. Les discussions trilogues doivent débuter en février pour un vote du texte espéré d’ici à fin 2018.
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Le flex-fuel boudé par les constructeurs
Une troisième bonne nouvelle est venue clore l’année 2017 pour la filière bioéthanol : la publication le 15 décembre de l’arrêté fixant les règles d’homologation des boitiers flex-fuel, qui permettent à des véhicules essence de rouler au superéthanol-E85, un biocarburant comprenant de 65% à 85 % de bioéthanol, suivant la saison (65 à 75% en hiver, 85% en été). Cette homologation est peut-être la dernière chance pour ce carburant "vert". Disponible dans 973 stations-service en France, moins cher à la pompe et à l’usage malgré une surconsommation d’environ 25%, il bénéficie d’exonérations fiscales. Mais, fabriqué à partir de culture énergétique (1% des terres agricoles sont consacrées en France au bioéthanol) et non de résidus agricoles (2e génération), ce biocarburant de première génération n'a pas les faveurs de Bruxelles. Et il a été abandonné par les constructeurs automobiles en 2013. Il ne reste plus que Volkswagen pour vendre des véhicules de la technologie dite "flex-fluel" de série dans l’Hexagone, la Golf Multifuel, initialement prévue pour le marché suédois. Mais en 2017, il ne s’en est vendu que 746 en France. Cela porte à 31 824 unités le parc total de véhicules hybrides essence-superbioethanol de série en France au 1er janvier 2018. Environ 60 000 véhicules rouleraient également équipés d’un boitier d’injection flex-fuel, système d'alimentation et de carburation pour moteur à explosion qui permet d'utiliser indifféremment de l'essence ou du bioéthanol.
Booster la seconde monte de boitier d'injection
La filière bioéthanol espère bien que l’homologation de ces boitiers et de la procédure d’installation changera la donne. La monte de ce boitier, couverte par la garantie, permettrait aussi l’obtention d’une nouvelle carte grise, la plupart du temps gratuitement, avec une mention FE au lieu de ES, donc donnant accès à des zones urbaines interdites. La filière compte aussi communiquer auprès des constructeurs sur les statistiques de changement de cartes grises pour les persuader de reprendre l’installation en première monte de flex-fuel sur certains modèles. Les fabricants de boitiers homologuables se frottent bien sûr les mains. Le montpelliérain Biomotors anticipe l’installation de ses boitiers made in France dans 45 000 véhicules d’ici 2023 et l’embauche de 15 personnes d’ici à 2019.
En attendant le boom du ED95
Sur les 18 millions d’hectolitres de bioéthanol produits en France chaque année, 12 millions servent à la production de biocarburant, dont 30% sont exportés. Sur les 8 millions d’hectolitres de bioéthanol destinés au biocarburant en France, 1 million sert à la production de superethanol-E85, soit environ 12%. Une infime partie est aussi utilisée comme carburant ED95 (composé de 95% de bioéthanol et de 5% d’additif pro-cétane) destiné aux cars, autobus et camions disposant d’une motorisation spécifique.
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