La croissance allemande accélère au 3e trimestre, pas l'inflation
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BERLIN (Reuters) - La croissance économique allemande a accéléré plus que prévu au troisième trimestre grâce à l'export et à l'investissement, montrent mardi les données préliminaires du produit intérieur brut qui confirment le rôle moteur de l'Allemagne pour l'économie de la zone euro.
La croissance de la première économie européenne s'est établie à 0,8% en juillet-septembre en données corrigées des jours ouvrés et des variations saisonnières après +0,6% (confirmé) lors des trois mois précédents, a annoncé l'Office fédéral de la Statistique.
Les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne une hausse de 0,6% du PIB.
"La reprise continue et elle est généralisée", a commenté Ulrike Kastens, économiste chez Sal Oppenheim, soulignant la contribution de l'investissement à la croissance du troisième trimestre.
Sur un an, le PIB a augmenté de 2,8% en données corrigées des jours ouvrés, soit le rythme de croissance annuel le plus élevé depuis le début 2014. Sa progression ressortait à 2,3% au trimestre précédent.
En données brutes, la croissance ressort à 2,3% sur un an, conformément aux attentes des économistes.
La croissance du premier trimestre a par ailleurs été révisée à la hausse à +0,9% contre +0,7% précédemment.
"Cela rend probable un relèvement des estimations de croissance dans son ensemble", a dit Andreas Scheuerle, analyste chez DekaBank.
Le gouvernement allemand avait le mois dernier relevé sa prévision de croissance pour cette année de 1,5% à 2% et celle pour 2018 de 1,6% à 1,9%.
Dans ses prévisions économiques d'automne publiées la semaine dernière, la Commission européenne a rehaussé son estimation de la croissance du PIB allemand à 2,2% pour cette année et 2,1% pour 2018, contre 1,6% et 1,9% respectivement il y a six mois.
COUP DE POUCE POUR MERKEL
L'élan de la croissance au troisième trimestre est dû principalement à la contribution des échanges extérieurs avec une progression plus forte des exportations que des importations, a précisé l'Office fédéral de la statistique .
"Alors que la dépense publique et celle des ménages sont restées à peu près au même niveau qu'au trimestre précédent, l'investissement a contribué à la croissance globale", a jouté l'Office. "Les investissements en biens d'équipement ont en particulier augmenté sur le trimestre."
L'accélération de la croissance intervient dans un contexte où la chancelière allemande Angela Merkel poursuit les négociations sur la constitution d'une coalition de gouvernement.
Depuis plusieurs semaines, les conservateurs de la CDU, les libéraux du FDP et les écologistes mènent des pourparlers préliminaires en vue de constituer une alliance dite "Jamaïque", jaune, noire, verte, les couleurs du drapeau jamaïcain, jamais expérimentée au niveau national.
Malgré plusieurs tours de table, les positions restent pour l'instant inconciliables sur la lutte contre le réchauffement climatique, l'immigration et la politique énergétique de l'Allemagne.
"Comme les entreprises investissent plus, cela va aussi accroître la productivité", a commenté Michael Holstein, économiste de DZ Bank. "Cela peut aussi se traduire par des hausses de salaires plus fortes - la reprise entre dans une nouvelle phase."
Pour autant l'inflation peine toujours à accélérer. Le taux annuel d'inflation en Allemagne, mesuré par l'indice des prix de détail harmonisé aux normes européennes (IPCH), a été confirmé mardi à 1,5% en octobre.
Il s'inscrit en repli par rapport au mois précédent où il était ressorti à 1,8% et s'éloigne de l'objectif d'une inflation légèrement inférieure à 2% l'an de la Banque centrale européenne (BCE), dont le programme d'assouplissement quantitatif destiné à raviver la hausse des prix est pourtant très critiqué en Allemagne.
(Marc Joanny pour le service français, édité par Véronique Tison)