"La coupe du monde de foot aurait pu permettre d’améliorer les infrastructures brésiliennes", selon Constantin Jancso
François Hollande rentre d’une visite officielle de deux jours au Brésil. Le pays, qui doit accueillir en juin 2014 la coupe du monde de football, enregistre une croissance faible en 2013. Pour Constantin Jancso, chef économiste HSBC Brésil, Brasilia doit avant tout rénover ses infrastructures pour libérer sa croissance.
L'Usine Nouvelle - La croissance brésilienne a montré des signes de faiblesse en 2013. Va-t-elle s’améliorer ?
Constantin Jancso - La croissance a été décevante. En 2012, le PIB a progressé de 0,9 %. Pour cette année, nous tablons sur 1,9 % et à peu près autant l’année prochaine. Cela montre que la croissance de la consommation a probablement touché ses limites. Pour accélérer le rythme maintenant, il faudrait lever les goulots d’étranglement importants qui existent dans les infrastructures. Jusqu’à présent, les progrès ont été décevants. Le gouvernement est seulement en train d’essayer de céder en concession des autoroutes.
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Même dans le meilleur des scénarios, cela va prendre plusieurs années avant de voir une amélioration dans le réseau routier ou aéroportuaire. 2014 va être une année d’élection, avec le renouvellement du congrès et les élections présidentielles en octobre. Peu de décisions devraient donc être prises.
L’organisation de la coupe du monde de foot en 2014 puis des jeux olympiques en 2016 ont-ils conduit à des améliorations ?
Cela aurait pu constituer une formidable occasion d’améliorer les infrastructures de transport. Mais quelques mois avant la coupe du monde, le bilan n’est pas à la hauteur. Les JO devraient, en revanche, permettre d’améliorer les infrastructures à Rio de Janeiro. Mais dans le reste du pays, peu de chantiers ont été menés à bien.
Ce qui ralentit l‘économie brésilienne, ce sont les coûts de logistique. En 2012, exporter une tonne de soja brésilien vers l’Asie coûtait 160 dollars. Aux Etats-Unis, la même tonne de soja est exportée en Asie pour 90 dollars. Comment l’agriculture brésilienne peut être compétitive avec de tels surcoûts ? Tous les secteurs économiques sont confrontés aux mêmes difficultés logistiques. Si on levait ces freins, la croissance pourrait être très forte car le contexte est favorable.
Les mouvements de protestation peuvent-ils encore réapparaître ?
D’autres mouvements de protestation pourraient peut-être avoir lieu. Une partie de cette nouvelle classe moyenne réclame des améliorations dans les transports publics. Mais l’impact de ces mouvements reste faible sur l’économie brésilienne. En juin durant les protestations, les ventes de détail sont restées solides. Après les protestations en juin, il y a eu un fort recul du gouvernement dans les sondages même si depuis il a remonté. Cela reste assez pour assurer la réélection du gouvernement. Mais il y a le sentiment que la politique économique essaye de gérer son capital électoral et ne va pas faire de réformes ambitieuses. Cela affecte la confiance des entreprises.
Propos recueillis par Solène Davesne
"La coupe du monde de foot aurait pu permettre d’améliorer les infrastructures brésiliennes", selon Constantin Jancso
Tous les champs sont obligatoires
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