La COP24 a débuté en Pologne dans un climat de défiance

[ACTUALISE] Dimanche 2 décembre a débuté à Katowice en Pologne la 24e session de la Conférence des Parties. L’urgence climatique sera au centre des débats alors que certains pays semblent faire sécession. Le Premier ministre Edouard Philippe n'y participe finalement plus.

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La COP24 a débuté en Pologne dans un climat de défiance
Dimanche 2 décembre a débuté à Katowice en Pologne la 24e session de la Conférence des Parties.

Choisir la ville de Katowice en Pologne pour organiser, du 2 au 14 décembre, la 24e session de la Conférence des Parties (COP24) ressemble à une provocation quelques semaines après la parution, le 8 octobre dernier, du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) à propos du réchauffement planétaire de 1,5°C.

"Ce sera une contribution scientifique clé pour la conférence de Katowice sur le changement climatique", avait indiqué le GIEC. Si nous ne réagissons pas, et si le réchauffement climatique se poursuit au rythme actuel, nous atteindrons la barre des 1,5°C entre 2030 et 2052, avaient indiqué les experts. Et pour inverser la tendance, il faut laisser 80% des énergies fossiles dans le sol et engager une transition écologique avec une décarbonation des secteurs clés de l’énergie, des transports et de l’agriculture.

La Pologne, mauvais élève de l’Europe

La COP24 se déroule donc à Katowice, dans le sud de la Pologne, au cœur de la Silésie et de son bassin charbonnier. La Pologne qui tire 80 % de son électricité du charbon dans des centrales thermiques d’un autre âge, fait figure de mauvais élève en Europe et Katowice subit une pollution atmosphérique importante. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 33 des 50 villes les plus polluées d’Europe se trouvaient en Pologne en 2016 et 50 000 Polonais meurent chaque année à cause du smog, le brouillard de pollution.

Il faut donc espérer que la tenue de la COP24 en Silésie agisse comme un déclic sur les autorités polonaises… Car, cette session de la Conférence des parties doit permettre d’adopter des mesures qui garantissent l’application entière de l’accord de Paris (COP21 en décembre 2015). "La COP24 doit déboucher sur des règles qui permettent un application robuste de cet Accord, explique-t-on au sein de la délégation française. Et délivrer un message politique très fort en montrant que l’Accord de Paris est soutenu."

Cette COP24 doit donner la feuille de route et les outils nécessaires pour accélérer la mise en application des engagements des Etats et relever leurs ambitions. Car chacun sait que les engagements de 2015 sont insuffisants pour maintenir la planète en dessous des +1,5°c et même 2°C. Le GIEC estime que les engagements actuels nous mèneraient au-dessus de 3°C. Autre objectif de cette COP24, faire enfin démarrer réellement le Fonds vert pour le climat qui doit permettre d’aider les pays en voie de développement face aux changements climatiques.

Le Brésil renonce à la COP25

Cet Accord signé par 195 pays et ratifié un an plus tard a depuis été attaqué avec la sortie des Etats-Unis en juin 2017, de l’Australie qui refusé d’inscrire en août dernier dans la loi ses objectifs, et plus récemment du Brésil. Le futur Président, Jair Bolsonaro, qui n’entrera en fonction qu’en janvier 2019, a déjà renoncé à organiser la COP25 comme son pays s’y était engagé. Durant sa campagne pour l’élection présidentielle, ce climato-sceptique a multiplié les annonces inquiétantes comme la déforestation de la forêt amazonienne, poumon de la planète, et il menace toujours de se retirer de l’Accord de Paris.

Quant à la délégation française, elle n'est finalement plus menée par le Premier ministre Edouard Philippe, retenu à Paris pour gérer l'affaire des "Gilets Jaunes". Conduite par le ministre de l'Environnement François de Rugy, elle a bien l’intention de défendre une neutralité carbone en 2050 pour l’Europe, même si la France est toujours en dessous des objectifs qu’elle s’était fixée pour l’Accord de Paris. Elle s’est fixée comme engagement de réduire de 40 % ses émissions de CO2 de 40 % d’ici à 2030, comme l’UE.

Mais une étude du Boston Consulting Group n’incite guère à l’optimisme. En effet, la Chine, l’Inde, les Etats-Unis, le Brésil, la Russie, l’Allemagne et l’Afrique du sud ne pourront pas "atteindre leurs objectifs de réduction de gaz à effet de serre avec leurs politiques actuelles, alors qu’ils sont responsables de 60 % des émissions mondiales." Et pour limiter le réchauffement climatique sous les 2°C, les investissements internationaux devraient atteindre 75 trillions de dollars d’ici à 2050, soit 2 à 6 % du PIB par pays. Sur la seule année 2017, la Banque mondiale indique que les catastrophes d’origine météorologiques et climatique ont faire perdre à l’économie mondiale 320 milliards de dollars. Des chiffres qui devraient parler même aux pires des climato-sceptiques…

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