La connectivité décuplée, « mère » de nouveaux possibles
La 5G et son association aux technologies d’intelligence artificielle, d’IoT et de cloud révolutionne la façon de concevoir et faire fonctionner les usines. Objectif ? En améliorer la flexibilité, le monitoring, au service de leur performance.
S’adapter en temps réel et disposer d’une organisation flexible sont des enjeux désormais posés à chaque industriel. La crise sanitaire liée au COVID-19 a accentué ces défis, préexistants. Pour s’adapter, l’usine du futur sera digitale et connectée, l’entreprise hybride et agile. Reste à savoir comment !
Le débit ne fait pas tout – la 5G est 100 fois plus rapide que la 4G – mais va bel et bien contribuer au basculement ! Grâce à la 5G, les industriels vont disposer d’éléments stratégiques, à savoir :
- Une connectivité fiable et sans fil,
- Un découpage du réseau par type d’usages,
- Des temps de latence diminués.
Le passage à l’échelle d’un big data industriel s’opère, et avec lui de nouveaux usages comme le massive IoT. La maintenance prédictive des machines comme les véhicules autonomes en usine sont parmi les utilisations plébiscitées. « Les outils industriels modernes génèrent énormément de données nécessaires au processus de fabrication : des quantités, des températures, des pressions, des cotes, des durées et bien d’autres variables physiques. Ces données constituent un actif qui doit être valorisé auprès des clients utilisateurs du produit fabriqué, comme de leurs partenaires ou encore d’autres acteurs. Cette opportunité de services around and beyond the product peut générer des revenus substantiels, avec des niveaux de marge inédit dans le monde industriel. Il faut simplement oser un modèle économique, des modèles de commercialisation et une organisation différents », précise Bruno Cracco, Managing Partner et Cofondateur de Bengs.
Applicatifs inédits
Nom de code : 5G Steel. Lancé en fin d’année 2021, il est le plus grand réseau 5G industriel en France. Ce réseau 4G/5G en environnement industriel et critique est piloté par ArcelorMittal et associe Orange Business (intégrateur) et Ericsson (expert réseau privé). L’initiative, soutenue par l’État dans le cadre de France Relance, va expérimenter pendant 3 ans les apports d’un tel outil. Ciblés sur les différents métiers (production, maintenance, logistique…), les cas d’usages industriels visés comprennent notamment :
- La mobilité des personnes en situation de travail,
- Les véhicules ferroviaires autonomes à Dunkerque et à Florange,
- Les véhicules autonomes routiers,
- La maintenance mobile avec la remontée d’informations terrain,
- La réalité virtuelle ou augmentée et les dispositifs de sécurité.
Avec 5G Steel, ArcelorMittal développera des projets industriels clés. Concrètement, ses équipes maintenance équipées de tablettes pourront séquencer les actions et accéder à la documentation nécessaire. Une fois l’opération de maintenance réalisée, elles la valideront et l’enregistreront directement dans les systèmes d’information de l’entreprise. Avec la réalité augmentée, les équipes pourront également accéder à des ressources documentaires en image, ou faire appel à un expert à distance en direct.
« ArcelorMittal est résolument engagé dans sa transformation digitale et se positionne en leader, de la digitalisation de l’industrie de l’acier. En production, en maintenance, en logistique, en développement, les technologies numériques ont déjà commencé à transformer nos procédés, accru la fiabilité de nos opérations et amélioré le confort et la sécurité de nos équipes », observe David Glijer, directeur de la transformation digitale d’Arcelor Mittal France.
Autre exemple d’avancée attendue, le transport autonome par rail. Sur le site de Dunkerque, 44 kilomètres de voies ferrées existent pour acheminer les produits entre les différentes étapes de fabrication. Avec EasyMile, ArcelorMittal lancera le 1er train autonome sur réseau privé interne, qui sera mis en service en 2023.
Réseaux privés et souveraineté
L’objectif de 5G Steel est également de permettre le développement de l’écosystème français autour de la chaîne de valeur de ces usages industriels. Sur le sujet, l’Institut de recherche technologique (IRT) B-com, basé à Rennes, vient de lancer commercialement sa solution de réseau 5G privé, financé en partie par le plan de relance de l’État Français. « Dôme » – c’est son nom – va être en capacité de répondre à divers cas d’usages pour les industriels et les entreprises. Il est la traduction concrète de l’un des deux domaines de compétences sur lequel travaille l’IRT, à savoir les réseaux et la sécurité (architecture réseau, IA, 5G, IoT, cybersécurité).
L’infrastructure est dite « souveraine ». Il faut comprendre l’acception comme le fait que B-com en contrôle tous les éléments, du cœur de réseau au RAN (radio access network), et jusqu’aux composants de cybersécurité, qui font appel à des techniques d’intelligence artificielle pour détecter des signaux faibles de cyberattaque.
Cette fois, l’IRT travaille avec plusieurs équipementiers sur le RAN, comme Nokia, Amarisoft et AW2S. De grands intégrateurs devraient rapidement commercialiser la solution, comme Atos, Capgémini ou Orange.
Edge computing et IA
Le « traitement des données à la périphérie du réseau » – ou Edge computing – devrait se généraliser.
L’analyse des données au plus près de l’objet, et non plus dans le Cloud, offre en effet des avantages. Les antennes 5G joueraient alors le rôle de micro-datacenters. À l’heure où la cybersécurité est un enjeu clé, disposer de ses données sur place, sans flux inutile et en proximité, n’est plus secondaire ! « Aujourd’hui, les business process sont centrés sur le Cloud mais nous pensons qu’ils vont se déplacer vers l’edge, et qu’il y a une place de leader à prendre sur l’Edge IA », avait précisé, Jérôme Sandrini, lors du dernier Mobile World Congress.
Le cabinet de conseil français Aster Fab estimait que 9 % des données étaient traitées par Edge computing dans le monde en 2020… Un taux qui pourrait atteindre 75 % en 2025 !