La Clouterie Rivierre marche dans les clous haut de gamme
Dernier fabricant de clous de l'Hexagone, la Clouterie Rivierre continue à frapper le métal sur des machines centenaires. Loin d'être concurrencée par les géants asiatiques, la manufacture de Creil (Oise) se maintient dans le haut-de-gamme.
L’endroit parait abandonné. Un hangar aux vitres cassées, des entrepôts vétustes. Seul un vieux panneau effacé indique au visiteur qu’il ne s’est pas trompé d’adresse. La Clouterie Rivierre, nichée entre les usines désaffectées qui longent la voie ferrée de Creil (Oise), semble figée en pleine révolution Industrielle. Mais derrière les murs en briques, le dernier fabricant français de clous produit des milliards de pièces chaque année.
"Nous travaillons sur des modèles de clous uniques, qui demandent un degré de précision très important", assure Luc Kemp, le PDG de la clouterie née en 1888, qu'il a reprise en 2006. Pas de clous standards qu'elle laisse aux fabricants asiatiques, l'entreprise propose une palette de 2800 modèles haut de gamme : de la pointe de quelques millimètres en laiton pour la fabrication de maquettes aux clous d'une vingtaine de centimètres destinées à la rénovation de bâtiments anciens. La clouterie et ses 18 salariés fournissent des cordonniers, tapissiers, couteliers, maroquiniers, dont plus de 60% de clients internationaux, de la grande série au sur-mesure.
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Des techniques qui datent du 19ème siècle
"Notre outil de production n'a pas évolué depuis la création de l'entreprise", s'amuse à répéter Luc Kemp. La clouterie utilise toujours la même technique, inventée par son fondateur, Théodore Rivierre, pour fabriquer ses clous. Elle consiste à étirer des fils de métal depuis une bobine de deux tonne. Cette technique lui permet de produire de manière continue et sans perte de matière.
Diaporama sonore sur la fabrication du clou, expliquée par Camille Sanchez, animatrice du patrimoine de la Clouterie Rivierre
Alignées sur des dizaines de rangées, 325 machines aux formes arrondies et aux rouages apparents coupent et frappent les clous. Elles produisent près de 10 tonnes de clous par mois. "90 % d'entre elles ont entre 90 et 120 ans," indique le dirigeant. Afin de les distinguer les unes des autres, on leur a donné des noms de femmes. "C'est quand même plus joli que des numéros," glisse Camille Sanchez, animatrice du patrimoine de la clouterie, qui organise des visites du site pour le grand public.
Innover en fonction du client
Moderniser l'outil de production ? Luc Kemp, qui tait religieusement son chiffre d'affaires, y a pensé. Mais l'investissement serait "considérable". "Nous avons deux machines de moins de cinq ans!", rappelle-t-il.
La société préfère innover en fonction du besoin de ses clients. Pas de centres de R&D, mais des cahiers des charges toujours plus complexes. "On a beau être la dernière clouterie de France, on mourra si on ne s'adapte pas au marché, insiste le dirigeant. Et nous avons des concurrents féroces comme l'agrafe et la colle." L'entreprise, qui crée plus de 60 références par an, a récemment sauté le pas du numérique. Elle propose un service de vente en ligne…
Timothée L'Angevin
La Clouterie Rivierre marche dans les clous haut de gamme
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