La Chine réforme (enfin) sa politique agricole
Confrontée aux limites de sa politique de stockage massif de produits agricoles et aux scandales alimentaires, la Chine affiche son intention de réformer ce secteur clef pour la stabilité politique du pays.
La politique agricole chinoise pourrait prochainement évoluer. "Nous allons promouvoir une réforme de l'offre car certains produits sont en excédent, tandis que d'autres sont en pénurie. Le but de la réforme est d'augmenter la qualité et l'efficacité de l'approvisionnement, d'assurer une production stable, et de réduire la pression sur l'environnement", a annoncé le ministre de l’Agriculture Han Changfu en marge du Congrès national du peuple, à Pékin. La production céréalière chinoise ne devrait pas progresser au cours des cinq prochaines années, après douze ans de croissance ininterrompue.
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Un marché très local
Ces changements annoncés sont nés d'un échec: "L’Etat stocke beaucoup de marchandises, ce qui génère des coûts tendant à devenir insupportables. La revente des stocks est difficile et s’effectue à perte : elle n’arrive pas à financer les coûts de stockage et d’achat", constatait déjà en mai 2015, dans L’Usine Nouvelle, Jean-Marc Chaumet, agroéconomiste spécialiste de la Chine à l’Institut de l’élevage. Le blé, le maïs, le soja ou bien encore le coton font, depuis plusieurs années, l’objet d’achats massifs de la part des autorités, doublés d’une politique de prix minimum garanti aux agriculteurs. La hausse des prix à la production sur le marché intérieur a par ailleurs provoqué des décalages entre les prix pratiqués localement et ceux en vigueur à l’échelle mondiale.
L’exemple du coton est symptomatique des difficultés rencontrées par la politique agricole chinoise. La Chine détient aujourd'hui 60% des réserves mondiales estimées, à la suite d’un programme de stockage initié en 2011. Le Département américain de l’Agriculture a rappelé, début février, que le pays peinait à trouver preneur pour ses réserves. En 2015, les autorités avaient commencé à prendre conscience du problème, en expérimentant localement une nouvelle politique de soutien à la filière agricole : les achats massifs ont été remplacés par des prix d’objectif. A l’issue de la campagne, l’écart entre ceux-ci et les prix pratiqués sur le marché est calculé, puis comblé sous forme de subventions.
moderniser…
La sécurisation du revenu des agriculteurs fait aussi partie des dossiers portés par le ministre pour ce nouveau plan. Il devra, officiellement, croître en moyenne de 6,5% par an sur la période 2015-2020, après une hausse de 9,6% par an entre 2011 et 2015. Face aux problèmes environnementaux rencontrés dans les villes, Han Changfu a par ailleurs annoncé souhaiter promouvoir un nouveau modèle de développement entre les zones rurales et les zones urbaines, sans s’avancer davantage.La modernisation de l’agriculture est aussi érigée au rang de priorité par le ministre afin de permettre au secteur de rattraper son retard dans l’usage des outils numériques.
… et sécuriser
La qualité des produits agricoles est également dans le viseur des autorités chinoises. Objectif affiché par le nouveau plan quinquennal, qui court jusqu’en 2020, celle-ci sera complétée par la standardisation de la production et un renforcement des contrôles administratifs. Ces dernières années, le pays a été frappé par de nombreux scandales liés à l’alimentation, notamment dans le lait infantile. Les importations de poudre de lait ont été multipliées par neuf entre 2007 et 2014. Avec 1,4 milliard de bouches à nourrir, la sécurité alimentaire et la conformité des produits constituent des sujets politiquement sensibles.
Franck Stassi
La Chine réforme (enfin) sa politique agricole
Tous les champs sont obligatoires
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