La Chine ouvre peu à peu le marché des jets privés

par Fang Yan et Matthew Miller

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PEKIN (Reuters) - Jusqu'à présent limité par une réglementation très stricte, le marché chinois des jets privés pourrait bien profiter de l'ouverture progressive du ciel à ces avions, appelés à devenir un nouveau signe extérieur de richesse, comme les Ferrari ou les Rolls-Royce ces dernières années.

L'autorité chinoise de l'aviation civile a en effet annoncé le mois dernier une simplification des procédures d'autorisation de vol pour les avions privés et elle a assoupli les conditions d'obtention d'une licence de pilote privé.

Surtout, la mise en oeuvre des nouvelles règles instituées en 2010 par le Conseil d'Etat et la Commission militaire centrale va progressivement augmenter d'ici 2020 l'altitude à laquelle pourront voler les jets privés.

Pour des constructeurs comme Cessna, Gulfstream, Dassault Aviation et Bombardier, ces changements pourraient constituer l'opportunité qu'ils attendent depuis près de dix ans pour se développer sur le marché aéronautique le plus dynamique du monde.

"Cela officialise publiquement le fait que la Chine reconnaît désormais l'usage des avions d'affaires et de l'aviation générale, comme tous les autres pays du monde", a déclaré à Reuters Roger Sperry, vice-président senior de Gulfstream, chargé des ventes à l'international.

L'"aviation générale" regroupe tous les vols qui ne sont pas opérés par une compagnie aérienne, une compagnie charter ou une armée.

Elle représente environ 228.000 avions rien qu'aux Etats-Unis selon Craig Spence, secrétaire générale de l'International Council of Aircraft Owner and Pilot Associations, contre 1.610 seulement à ce jour en Chine selon les derniers chiffres de l'Association chinoise de l'aviation générale.

Sur le marché chinois, "nous avons réalisé quelques ventes en 2006, 2007 et 2008, mais en nombre très limité", note Jean-Michel Jacob, vice-président senior de Dassault-Falcon chargé des ventes à l'international.

Les ventes ont commencé à augmenter en 2010 et à ce jour, le groupe français a écoulé 30 avions en Chine et prévoit 20 livraisons sur 2014-2015.

UN MARCHÉ DE 2.420 AVIONS SUR 20 ANS SELON BOMBARDIER

Pour Gulfstream, la République populaire représente environ 6% des ventes mondiales, contre 65% pour les Etats-Unis.

Bombardier, lui, a passé le cap des 100 ventes d'avions d'affaires en Chine, contre un peu plus de 70 pour Cessna.

Gulfstream a ouvert en novembre 2012 un centre de maintenance de 7.600 mètres carrés à Pékin.

Dassault-Falcon, qui dispose d'installations de maintenance à Hong Kong et Shanghai, doit ouvrir un nouveau centre à Pékin l'an prochain et prévoit de renforcer ses équipes de ventes en recrutant plusieurs personnes dont le chinois est la langue maternelle.

Bombardier estime que les livraisons totales d'avions d'affaires en "Grande Chine" atteindront 2.420 unités sur la période 2013-2032, dont un millier sur 2013-2022 et 1.420 sur la décennie suivante.

"Il y a un potentiel formidable sur ce marché", dit quant à lui Jean-Michel Jacob chez Dassault.

Les nouvelles règles édictées par les autorités chinoises prévoient notamment d'ouvrir l'espace aérien sous 1.000 mètres d'ici 2015 et sous 3.000 mètres d'ici 2020.

Les régions de Changchun, dans le nord-est du pays, de Guangzhou et de l'île d'Hainan, dans le sud, ont parallèlement servi de tests pour l'assouplissement des règles sur les autorisations de vol: les propriétaires d'avions privés peuvent désormais soumettre un plan de vol jusqu'à 15h00 la veille.

L'expérience a été étendue à d'autres villes en 2012 et la zone d'application des nouvelles règles va progressivement s'étendre.

"C'est assez comparable à la manière dont la Chine est passée de l'économie planifiée à l'économie tournée vers le marché dans les années 1980", explique Ke Yubao, secrétaire générale de l'Association chinoise des propriétaires et pilotes d'avions privés, contrôlée par les autorités.

"Tout a commencé avec la zone économique spéciale de Shenzhen avant d'être étendue à d'autres régions du pays."

Marc Angrand pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten

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