La Chine mal partie pour atteindre ses objectifs d’autosuffisance dans les puces

Selon le cabinet IC Insights, la production de circuits intégrés électroniques en Chine a plus que doublé en 5 ans. Mais le taux de couverture de la consommation locale demeure limité à 15,3% en 2018. Le rythme de progression reste trop lent pour que la Chine atteigne son objectif d’autosuffisance de 40% en 2025.

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La Chine mal partie pour atteindre ses objectifs d’autosuffisance dans les puces
Usine de mémoires flash 3D d'Intel à Dalian, en Chine

La Chine avance à pas de géant dans le développement de ses semi-conducteurs. Selon le cabinet IC Insights, sa production locale de circuits intégrés électroniques a plus que doublé en cinq ans, grimpant de 10,3 milliards de dollars en 2013 à 23,8 milliards de dollars en 2018. Mais sa dépendance vis-à-vis des importations ne se réduit pas aussi vite qu’espéré par Pékin.

Du fait de son développement explosif dans les mobiles, la télévision, les PC, les serveurs ou encore les équipements télécoms, l’Empire du Milieu se montre de plus en plus vorace en puces électroniques. En cinq ans, sa consommation de circuits intégrés électroniques a presque doublé, passant de 82 milliards de dollars en 2013 à 155 milliards de dollars en 2018. Sa couverture par la production locale n’a progressé que de 12,6% en 2013 à 15,3% en 2018.

DE PLUS EN PLUS VORACE

Et encore, une bonne partie de la production locale est le fait d’entreprises étrangères : le coréen SK Hynix avec son usine de mémoires Dram à Wuxi, le coréen Samsung Electronics avec son usine de mémoires flash 3D à Xian, l’américain Intel avec son usine de mémoires flash 3D à Dalian, le fondeur taïwanais de semi-conducteurs TSMC avec ses usines à Nanjing et Shanghai, et le fondeur taïwanais UMC avec ses usines à Xiamen et Suzhou.

La Chine ne compte à ce jour aucun acteur indigène intégré, c’est-à-dire fabriquant lui-même la majorité de ses circuits comme l’américain Intel, le franco-italien STMicroelectronics ou le japonais Renesas Electronics. Ses trois champions, HiSilicon Technologies (bras armé de Huawei Technologies dans les semi-conducteurs), Unisoc (filiale de Tsinghua Unigroup) et Sanechip (bras armé de ZTE), sont tous "fabless" sous-traitant 100% de leur production auprès de fondeurs de semi-conducteurs. L’Empire du Milieu compte aussi plusieurs fondeurs de semi-conducteurs, dont SMIC, Hua Hong Semi et Shanghai Huali. Mais ils restent trop petits en comparaison avec le taïwanais TSMC, l’américain GlobalFoundries ou le coréen Samsung Foundry.

50% de la production locale d'origine étrangère

Pékin place ses espoirs dans l’émergence de ChangXin Memory Technologies (ex-Innotron Memory), Jinhua et Yangtze Memory Technologies Co en tant que fabricants intégrés de puces mémoires. Ils devaient faire leur entrée sur le marché cette année. Mais le contexte de guerre commerciale et technologique entre la Chine et les Etats-Unis les amènent à la prudence. Jinhua est même à l’arrêt, victime d’un embargo américain qui l’empêche de disposer des équipements nécessaires au lancement de sa production.

Même si ces trois projets se concrétisent, la production locale proviendrait pour environ la moitié de sociétés non chinoises en 2023 selon IC Insights et le taux de couverture de la consommation par la production locale ne passerait qu’à 20,5% dans cinq ans. Ce qui fait dire au cabinet que la Chine a peu de chance d’atteindre ses objectifs d’autosuffisance de 40% en 2020 et 70% en 2025 fixés dans le plan " Made in China 2025 ". A cela s'ajoute la détermination des Etats-Unis, qui dominent aujourd'hui les semi-conducteurs, prêts à tout pour contrecarrer les ambitions de Pékin dans ce secteur qu'ils jugent des plus stratégiques pour leur sécurité nationale.

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