La Chine exclut un atterrissage brutal de son économie
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\ 14h21
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PEKIN (Reuters) - L'économie chinoise n'est pas menacée d'un atterrissage brutal et ne plombe pas l'économie mondiale, a déclaré dimanche le président de la Commission nationale du développement et de la réforme (CNDR), le principal organe de planification du pays, en expliquant que l'instabilité de l'économie mondiale constituait un risque pour la croissance de la République populaire.
Samedi, au premier jour de la session annuelle de l'Assemblée populaire nationale (APN), Pékin a dit viser une croissance d'au moins 6,5% par an sur les cinq prochaines années, tout en reconnaissant que cet objectif ne serait pas facile à atteindre.
La deuxième économie mondiale a connu en 2015 une croissance de 6,9%, la plus lente depuis 25 ans même si elle demeure la plus élevée parmi les principales économies de la planète. Pour 2016, elle vise une expansion de 6,5% à 7%.
Mais les investisseurs s'interrogent sur sa capacité à maintenir un tel rythme tout en adaptant son modèle économique pour passer de celui fondé sur l'investissement et les exportations à un modèle s'appuyant davantage sur les services et la consommation.
"La Chine ne connaîtra absolument pas un atterrissage brutal", a déclaré Xu Shaoshi, le chef de la CNDR, lors d'une conférence de presse. "Ces prévisions d'un atterrissage brutal sont vouées à une impasse."
Il a ajouté que Pékin s'emploierait à améliorer "l'efficacité" de ses investissements, laissant entendre que les dépenses publiques seraient mieux ciblées qu'auparavant.
Samedi, le Premier ministre, Li Keqianq, a dévoilé une série d'objectifs économiques allant de la consommation d'énergie aux créations d'emploi sans préciser véritablement comment les autorités entendaient les atteindre.
Surtout, Pékin table sur un déficit budgétaire de 3% du produit intérieur brut (PIB) cette année, certes en hausse par rapport à celui de 2,3% de 2015 mais jugé décevant par certains observateurs, qui tablaient sur une hausse plus marquée de la dépense publique afin de doper la croissance.
DES RISQUES MONDIAUX MULTIPLES
"Globalement, je pense que les performances économiques sont restées dans une fourchette raisonnable (depuis 2015)" a dit Xu Shaoshi dimanche, ajoutant que les jugements sur la situation de l'économie chinoise devaient prendre en compte le changement de modèle en cours, qui fait des services un nouveau moteur au détriment de l'investissement.
Concernant l'emploi, alors que Pékin avait évoqué ces dernières semaines la possibilité de coupes claires dans les effectifs des secteurs du charbon et de l'acier afin de réduire leurs surcapacités, Xu Shaoshi a exclu que cela se traduise par des vagues de licenciements massifs.
La croissance économique va créer davantage d'emploi et cela compensera l'impact des réductions de capacités, a-t-il dit.
Il a toutefois reconnu que la conjoncture économique mondiale était porteuse de défis pour la Chine cette année.
"D'abord, nous estimons que la lenteur de la reprise et la faiblesse des taux de croissance de l'économie mondiale vont se maintenir pendant un certain temps", a-t-il dit.
"Nous ne pouvons pas non plus ignorer les risques liés à l'instabilité des marchés financiers (mondiaux) et à la chute des prix des matières premières, ni les risques géopolitiques."
Il a précisé que Pékin avait l'intention de lancer plusieurs programmes pilotes associant capitaux publics et privés dans les secteurs du pétrole, du gaz naturel et du transport ferroviaire.
La Chine compte environ 150.000 entreprises publiques qui gèrent plus de 100.000 milliards de yuans (13.950 milliards d'euros) d'actifs et emploient plus de 30 millions de personnes, selon l'agence de presse officielle Chine nouvelle.
(Marc Angrand pour le service français)