La chimie européenne à la croisée des chemins
Plus les mois et années passent, plus les acteurs du secteur redoublent d'énergie, justement, pour obtenir des décideurs politiques des conditions idoines pour redonner du souffle à l'industrie chimique européenne dont la compétitivité ne cesse de s'éroder. « L'UE est à la croisée des chemins », affirme Kurt Bock, président du Cefic. « Les augmentations à court terme des coûts de l'énergie dans l'UE entraînent le risque d'un cercle vicieux au sein duquel des prix plus forts mènent à réduire la compétitivité et à inhiber les investissements nécessaires pour engranger à long terme les bénéfices de l'innovation. Nous continuons à demander aux décideurs politiques d'équilibrer entre les objectifs environnementaux, économiques et sociaux », soutient Kurt Bock, également patron du n°1 mondial BASF. Quatre points d'ancrage sont identifiés par le Cefic aujourd'hui : une politique énergétique européenne harmonisée pour réduire les coûts, une finalisation du marché intérieur de l'électricité et du gaz alliée à de meilleures infrastructures, une réforme du système des échanges de quotas de CO2 (ETS) axée sur la compétitivité, et des coûts moindres pour les matériaux renouvelables. Bien entendu, la thématique du gaz de schiste complète la liste, les gaz non conventionnels devant être désormais inclus dans le mix énergétique de l'UE, plaide le Cefic. D'autant que l'UE est clairement désavantagée en matière de ressources naturelles énergétiques, à l'inverse de zones comme le Moyen-Orient ou l'Amérique du Nord qui est en pleine mutation avec les gaz et pétrole de schiste. Pour autant, cette exploitation en Europe n'est pas perçue comme la solution miracle. Kurt Bock estime qu'il faut « être réaliste » et que les Européens ne parviendront jamais à obtenir un prix du gaz à un niveau aussi bas que le prix américain actuel. Il le perçoit comme une opportunité pour améliorer la position énergétique du continent, créer des emplois et apporter de la croissance. Selon lui l'opposition du grand public en Europe est un défi à relever rapidement, en prouvant que la fracturation hydraulique peut être effectuée de manière responsable et respectueuse de l'environnement.
Le Cefic estime aussi que la chimie européenne se trouve à la croisée des chemins en matière d'innovation. « Bien que l'UE surpasse les pays industrialisés et émergents en matière de R&D en chimie, notre part de marché mondiale continue de décliner. Il est essentiel de créer une politique qui soutient notre innovation dans un marché mondial qui évolue très vite », affirme Kurt Bock. D'ailleurs, la part de l'UE dans le marché mondial de la chimie a été divisée par deux en 20 ans, chutant de 35 % à 18 %. Pour soutenir l'innovation, le Cefic prône notamment les partenariats public-privé, des politiques plus incitatives et, comme toujours, des réglementations qui ne nuisent pas à la compétitivité tant par leur accumulation que par leur poids financier.
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