La centrale de Fessenheim résiste à François Hollande
Le Conseil d’administration a décidé que la procédure de fermeture de la centrale de Fessenheim ne sera engagée que 6 mois avant la mise en service du réacteur EPR de Flamanville prévue pour début 2019. François Hollande n’aura pas pu tenir sa promesse de fermeture initialement annoncée pour fin 2016.
Ségolène Royal a beau dire que c’est une "bonne décision", une "décision inéluctable" qui vient d’être prise en faveur de la fermeture de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin)… Rien n’est moins sûr ! Malgré toute son énergie, la ministre de l’Environnement ne sera pas parvenue à faire respecter la promesse industrielle phare de la campagne de François Hollande en 2012 : fermer la plus vieille centrale de France durant son mandat. En effet, le jeudi 6 avril, le conseil d’administration, qui devait statuer sur le lancement de la procédure de mise à l’arrêt, a décidé de la reporter.
Dans un communiqué EDF explique que : "le Conseil d'administration d'EDF (…) a achevé ses travaux sur la fermeture de façon irréversible et inéluctable de Fessenheim si les conditions ci-dessous sont définitivement remplies : que l'abrogation de l'autorisation d'exploiter la centrale de Fessenheim ne prenne effet qu'à la date de mise en service de l'EPR de Flamanville 3, que la fermeture de la centrale de Fessenheim soit nécessaire au respect du plafond légal de 63,2 GW". Par ailleurs, les administrateurs, au terme d’un vote serré, ont décidé que le PDG n’adressera la demande d’abrogation d’exploitation de la centrale de Fessenheim que "dans les six mois précédant la mise en service de l'EPR de Flamanville 3".
Pas forcément Fessenheim
C’est donc toute une série de conditions que pose EDF. La première signifie qu’EDF veut être assuré que la centrale de Fessenheim ne fermera pas avant que l’EPR ne démarre. C’est-à-dire début 2019, soit deux ans plus tard que la promesse initiale de François Hollande qui en 2012 promettait une échéance à fin 2016. La deuxième condition signifie qu’EDF applique stricto sensu la loi de transition énergétique. Celle-ci ne prévoit pas la fermeture de Fessenheim mais un plafonnement de la puissance nucléaire à 63,2GW, soit la puissance du parc actuelle. Le démarrage de l’EPR impose de fermer deux réacteurs. Mais si en 2019, deux autres réacteurs devaient être arrêtés pour quelque raison que ce soit, EDF ne fermera pas Fessenheim.
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La troisième condition (demander la fermeture six mois avant de démarrer l’EPR) signifie qu’EDF attend que l’incertitude politique sur l’élection présidentielle soit levée. En effet, le candidat Les Républicains, François Fillon, a par exemple annoncé qu’il ne fermerait pas Fessenheim. D’autres en revanche, comme Emmanuel Macron (En Marche), Benoît Hamon (PS) ou Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise), ont annoncé qu’ils poursuivraient la fermeture.
Une promesse très politique
La décision d’EDF réjouit les syndicats dont 500 membres ont occupé l’avenue de Wagram à Paris devant le siège social de l’entreprise. Ils parlent d’un échec cinglant pour le gouvernement qui avait mis la pression publiquement sur l’électricien. Elle satisfait aussi Eric Straumann, président du conseil départemental du Haut Rhin, qui parle d’une décision raisonnable. De son côté, Greenpeace juge que les conditions posées par Fessenheim sont inacceptables.
Le coup d’arrêt dans le processus de fermeture intervient après un succès du gouvernement en janvier dernier. EDF avait alors accepté l’indemnisation pour la fermeture anticipée de son actif, déjà sous réserve de trois contreparties. D’une part, EDF a obtenu l’autorisation de redémarrer le réacteur Paluel 2 après une mise à l’arrêt de plus de deux ans. D’autre part, un décret publié au Journal officiel a prolongé de dix à treize ans le délai de mise en service de l’EPR de Flamanville (Manche), dont la construction aurait dû se terminer fin 2017. Enfin, la Commission européenne ne s’est pas opposée à la procédure d’indemnisation.
Une étape qui avait laissé François Hollande espérer pouvoir tenir partiellement sa promesse. Au final, Fessenheim aura été une épine dans le pied de la transition énergétique voulue par ce gouvernement pendant tout le quinquennat. Cet engagement, ainsi que celui de réduire la part du nucléaire de 75 à 50 %, avait été pris dans le cadre d’un accord électoral entre le parti socialiste et EELV, négocié par Martine Aubry et Cécile Duflot.
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