La BCE devrait s'en tenir à une hausse d'un quart de point jeudi

BANGALORE (Reuters) - La Banque centrale européenne devrait s'en tenir aux indications données ces dernières semaines et relever son taux de dépôt de 25 points de base jeudi prochain, montre une enquête de Reuters, même si une courte majorité des économistes interrogés préconisent un relèvement d'un demi-point.

Soixante-deux des 63 professionnels ayant participé à cette enquête menée entre le 8 et le 15 juillet ont dit s'attendre à ce que la BCE entame le relèvement de ses taux par une hausse d'un quart de point, qui porterait le taux de dépôt à -0,25%. Le dernier a dit s'attendre à une hausse de 50 points de base.

Mais une majorité (19 sur 35) de ceux qui ont répondu à une question subsidiaire ont dit estimer qu'elle devrait remonter dès que possible le taux de dépôt à zéro en faisant le choix d'une hausse d'un demi-point le 21 juillet.

"Le seul facteur qui plaide contre une hausse de 50 points de base en juillet, c'est le fait que la Banque en a pré-annoncé 25 (...) Il faudra de longues explications pour justifier une divergence", a dit Peter Vanden Houte, chef économiste d'ING.

Une majorité des économistes interrogés prévoient une hausse de 50 points de base en septembre puis des hausses de 25 points en septembre comme en décembre, qui porteraient le taux de dépôt à 0,75% en fin d'année contre -0,5% aujourd'hui.

Et la hausse devrait se poursuivre en 2023, le taux de dépôt étant attendu à 1,5% au troisième trimestre de l'an prochain.

Mais bon nombre d'économistes estiment que la fenêtre de tir pour un resserrement de la politique monétaire est en train de rétrécir, l'envolée des prix de l'énergie pesant sur le pouvoir d'achat des consommateurs et faisant planer le risque d'une récession dans la zone euro.

La médiane des probabilités de récession à un horizon d'un an données par les participants à l'enquête ressort ainsi à 45%, contre 34% dans l'enquête précédente.

"La BCE est très en retard et risque de perdre sa crédibilité en ne prenant pas des mesures décisives (...) Elle devrait en finir rapidement avec les taux négatifs en juillet puis augmenter les taux de 50 points de base supplémentaires en septembre et en octobre", estime Martin Weder, économiste senior de ZKB, le seul participant à préconiser une hausse de taux d'un demi-point la semaine prochaine.

"Je crois qu'une hausse de taux inattendue de 50 points de base en juillet montrerait qu'elle prend au sérieux l'inflation et la stabilité des prix, ce qui soutiendrait l'euro", a-t-il expliqué.

Les économistes prévoient parallèlement une croissance de 2,7% pour la zone euro cette année et de 1,5% l'an prochain, contre 2,6% et 1,8% respectivement il y a un mois.

La médiane de leurs prévisions de croissance 2022 pour l'Allemagne recule à 1,5% contre 2,2% dans la dernière enquête trimestrielle, réalisée en avril.

Pour la France, elle tombe de 3,2% à 2,4%.

"Mon opinion personnelle est qu'il y 70% à 80% de risque d'une récession en Allemagne, et un peu moins pour la zone euro dans son ensemble", a dit Erik Nielsen, chef économiste monde d'UniCredit.

L'inflation, elle, est attendue à 8,5% en moyenne pour le deuxième trimestre mais devrait refluer lentement au cours des prochains mois, tout en restant supérieure à l'objectif de 2% de la BCE jusqu'à la fin 2023 au moins.

(Reportage Swathi Nair, version française Marc Angrand, édité par Kate Entringer)