L'UIMM met en débat un nouveau pacte social dans la présidentielle
Après le MEDEF, mardi dernier, c'était au tour du puissant syndicat de la Métallurgie de présenter sa contibution au débat présidentiel.
"L'industrie française a de l'avenir mais il faut agir de manière résolu pour sortir d'un cercle vicieux : perte de compétitivité, érosion des marges, déficit d'innovation qui conduit lui-même à une perte de compétitivité", a déclaré vigoureusement Frédéric Saint Geours, président de l'UIMM pour présenter les propositions de son organisation. Se félicitant du consensus de l'ensemble des candidats à la présidentielle sur la nécessité de réindustrialiser la France, l'UIMM estime qu'elle apporte là des solutions concrètes.
La boîte à outil de la métallurgie s'articule autour de 4 grands thèmes : les compétences, le marché du travail, le dialogue social et le financement de la protection sociale. La contribution se présente comme un nouveau "pacte social pour une industrie compétitive"
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1 - Des compétences plus en phase avec les besoins des entreprises
L'organisation professionnelle réclame qu'on lui livre des salariés disposant au minimum d'un socle de connaissance de base. En gros savoir lire, écrire, compter, s'exprimer en anglais, maîtriser les TIC, quitte à revoir le fonctionnement du collège unique qui ne lui semble pas adapter à la diversité des élèves.
Sur le thème de l'alternance, elle est prête à s'engager sur le sujet, en systématisant la proposition de CDI à l'issu de la phase de formation mais propose qu'au cas où le jeune quitterait l'entreprise dans une période inférieure à la durée de la formation, la nouvelle entreprise verse une indemnité forfaitaire à celle qui a pris la peine de le former.
Sur la question de la formation, Jean-François Pilliard, le délégué général de l'UIMM qui a déjà négocié la précédente réforme interprofessionnelle de 2009 est prêt à remettre le couvert. Il propose une révision des responsabilités de chacun : que les grandes entreprises exercent cette responsabilité seule pour leurs salariés, que les branches professionnelles et leurs OPCA s'occupent des PME, en aiguillant Pôle emploi sur les formations adaptées aux besoins. Le financement de ces actions ferait l'objet d'une contribution unique intégrant la taxe d'apprentissage.
Quant au niveau interprofessionnel, il se recentrerait sur les actions de reconversion et l'accompagnement des branches moins structurées. Par ailleurs l'organisation veut renforcer les échanges entre le monde de l'éducation et les entreprises.
2 - Un marché du travail plus fluide pour les entreprises
L'UIMM réclame une sécurisation juridique et un allégement de ce qui relève du licenciement économique. Délais d'info-consultation dans des délais préfix, procédure allégée entre comité centrale d'entreprise et comités d'établissements lorsqu'ils existent, prescription de l'action en justice fixé automatiquement à 12 mois...
L'organisation veut éviter des procédures qui s'éternisent. Elle veut aussi surtout revenir sur la notion de "sauvegarde de la compétitivité" qui est évalué par les juges. Il s'agit là de permettre aux entreprises de se réorganiser pour restaurer leurs capacités d'investissement et d'innovation.
En regard de ces allégements pour les entreprises, l'UIMM prône une mutualisation des cellules de reclassement afin qu'elles profitent de manière plus équitables aux salariés des PME souvent désavantagés par rapport à ceux des grands groupes.
Pour favoriser le retour à l'emploi, l'UIMM avance à la fois la carotte et le bâton. Premièrement : offrir une prime à ceux qui se remettent en selle rapidement, avant épuisement de leur droit.
"Ce serait moins coûteux pour la collectivité et cela permettrait de financer le coût de mobilité ou d'une éventuelle baisse de salaire", estime Jean-François Pilliard.
Deuxièmement : l'organisation propose de revoir la dégressivité du salaire, afin qu'il ne soit pas uniforme durant toute la durée de l'indemnisation, autre manière de motiver les salariés à une reprise rapide.
3 - Un dialogue social qui prime sur la loi
L'UIMM voit d'un assez mauvais œil, les initiatives du candidat-président Nicolas Sarkozy d'organiser des référendums sur des sujets qui sont actuellement du ressort des partenaires sociaux comme le chômage ou la formation. Elle estime que le paritarisme est en effet un "facteur clé de cohésion sociale" et propose de donner la primeur à la négociation collective sur la construction des normes sociales en l'inscrivant dans le préambule de la constitution.
Elle invite à renforcer la représentativité des organisations tant syndicales que patronales. Un point de différence avec le MEDEF, qui pousse très mollement sur le sujet de la représentativité patronale.
Pour les syndicats salariés comme patronaux, la métallurgie estime que l'adhésion plus que l'audience électorale doit être le principal critère de représentativité et que leur financement doit être assis principalement sur les cotisations.
Enfin comme le MEDEF, l'UIMM souhaite simplifier le mille-feuille des institutions représentatives du personnel. Les délégués syndicaux seraient désignés exclusivement parmi les représentants élus du personnel.
En échange, les directions s'engageraient à mettre en discussion au sein du comité d'entreprise chaque année un débat sur le partage des fruits de la croissance entre investissements, salaires, dividendes, désendettement, etc.
4 - Un financement de la protection sociale qui épargne beaucoup plus largement le travail
L'UIMM prend acte des avancées récentes sur la TVA sociale votée cette semaine à l'assemblée, mais elle veut aller plus loin. Elle souhaite un véritable choc de compétitivité qui supprimerait les cotisations familles de l'ensemble des salaires pour porter l'économie des 13 milliards actuels à 30 milliards. Puis une nouvelle étape qui réduirait d'environ 6 points les cotisations : portant l'économie globale à 65 milliards d'euros.
Ce financement serait assuré par un mix de hausse de CSG et d'économies ciblées pour redéployer les dépenses sans compromettre la qualité de la protection sociale. Enfin concernant les allègements généraux de cotisation (les exonérations Fillon), l'UIMM propose de continuer à les "reprofiler" pour qu'ils profitent plus aux secteurs exposés à la concurrence internationale (traduire l'industrie) où les salaires moyens sont plus élevés. Aujourd'hui, ils servent essentiellement les secteurs peu qualifiés des services.
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