L'Oréal mise sur le Nord pour servir le marché mondial du luxe
Le groupe réorganise la production des cosmétiques haut de gamme. Ses trois usines du Nord voient leur organisation industrielle optimisée.
Ce sont les grands gagnants du choix de l’Oréal de spécialiser la fabrication de sa cosmétique de luxe par marque. Dans le Nord de la France, les trois usines de l’Oréal Luxe, Sicos & Compagnie à Caudry (Nord), Beauté Recherche & Industrie à Lassigny (Oise) et Fapagau à Gauchy (Aisne), vont désormais produire à destination du monde entier toutes ses marques européennes, laissant à l’usine d’Outre-Atlantique de Piscataway (New Jersey) les marques américaines Kiehl’s et Ralph Lauren et au site japonais de Gotemba (Préfecture de Shizuoka) celle de Shu Uemura.
70% des volumes vendus par la division Luxe (en croissance de 8,3% en 2012) sont déjà fabriqués dans l’Hexagone. "Il était très important d’associer leur origine à nos marques et le Made in France est très porteur, reconnaît Antoine Vanlaeys, directeur des opérations de l’Oréal Luxe (numéro deux mondial sur ce marché derrière l’américain Estée Lauder). Nous nous mettons donc en position de produire de façon extrêmement compétitive en France !"
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27 Janvier 2023
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Novembre 2022
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 21.20 − Préparations pharmaceutiques
Base 100 en 2015
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Novembre 2022
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 20.1 − Produits chimiques de base, engrais, Produits azotés, plastiques, caoutchouc synthétique
Base 100 en 2015
Savoir faire du sur-mesure, comme de grands lancements
La division espère voir ses volumes croitre de 15 à 20% entre 2012 et 2016. Au programme, pas d’augmentation des effectifs, mais une optimisation de l’organisation industrielle. Les trois sites français ont été chacun recentrés sur une technologie. Les émulsions (crèmes, soins, antirides, crème solaire, mascara et fond de teint) pour le site de Sicos, auparavant dédié à la production de la marque Lancôme. A Lassigny, la fabrication et le conditionnement du maquillage anhydre (utilisant peu ou pas d’eau : rouge à lèvres, gloss, poudre) et la production de parfums de marques prestigieuses aux petites séries. Et à Fapagau, la fabrication et le conditionnement des parfums de luxe diffusés à plus de 100 000 unités.
L’enveloppe des investissements n’a pas bougé : 30 millions d’euros annuels pour les sites industriels, dont 20 millions à destination de la France. Plus 15 millions d’euros pour concevoir et faire fabriquer par les partenaires de l’Oréal Luxe les moules industriels. Voire des produits hors norme, comme le parfum "la Femme Cristal", un flacon rechargeable en cristal contenant une bulle de parfum suspendue, fabriqué à la main par la cristallerie royale de Saint Louis et diffusé à seulement 100 exemplaires !
Mais, dans les usines, la priorité est donnée à l’automatisation et l’agilité. Car le luxe impose de savoir réaliser des produits aux nombreuses références – 6500 sur les trois sites français - pour des volumes dix fois moins importants que les cosmétiques grand public produits en Europe, par exemple. "L’outil de production est ainsi surdimensionné à dessein", explique Antoine Vanlaeys, afin de pouvoir répondre à de grands pics de lancement, comme celui, colossal en 2012, du parfum "La Vie est belle", avec 2,6 millions d’unités mises à disposition. Et aussi s’adapter à l’évolution des ventes du monde entier.
Les volumes produits en croissance dans les trois usines
Sur le site de Sicos, qui compte 420 salariés, seulement 50 % des capacités de production sont utilisées. Mais le site va passer, entre 2012 et 2014, de 155 millions d’unités produites à 200 millions, car il va hériter des produits Lancôme destinés au marché américain. Une ligne de production totalement automatisée - un investissement de 1 million d’euros - a été mise en place, disposant de deux remplisseuses capables de réaliser deux teintes de fond de teint en même temps et de deux types de sortie pour fabriquer à la fois le produit et son échantillon.
Dans l’usine de Lassigny, passée dans le giron de l’Oréal lors du rachat de la marque Yves-Saint-Laurent en 2008, 10 millions d’euros ont été investis durant trois ans pour la mettre aux standards du groupe. Les unités produites devraient passer de 60 à 100 millions chaque année. Un atelier d’assemblage manuel a aussi été mis en place pour conditionner sur mesure les parfums de prestige. Assises à leurs postes de travail, huit opératrices se chargent de sceller le parfum Flower Bomb d’un beau sceau, ou de déposer le flacon Club Noir dans un petit sac en tissu qu’elles nouent. Car le luxe le vaut bien…
Gaëlle Fleitour
Environnement et luxe… difficilement conciliables
Répondre aux rêves les plus fous des consommateurs… Avec des produits aux matériaux et formes toujours plus incroyables, le luxe n’a pas encore fait de l’empreinte environnementale sa priorité. "La première considération n’est pas l’impact qu’a la vie du produit, reconnaît Antoine Vanlaeys, mais tout est recyclable dans nos produits." Progressivement, la division luxe tente malgré tout de penser à la planète : alors que le groupe l’Oréal veut réduire ses émissions de CO2 de 50 % entre 2005 et 2015, ses trois usines du Nord sont parvenues à les faire chuter de 56 % avec trois ans d’avance. Même si on ne sait pas d’où elles partaient…
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