Les fabricants français de cerises confites sont vent debout. L'interdiction du diméthoate, un puissant insecticide, menace 300 emplois industriels ainsi que 200 familles d'agriculteurs. Un coup dur pour les entreprises du secteur qui ont investi pour être plus compétitives face à leurs concurrents européens.
"Ce sont 300 emplois qui sont menacés. Et 40 millions de chiffre d'affaires par an, répartis sur deux entreprises". Les fabricants français de cerises confites poussent cri d'alarme. Un appel pour tenter de sauver cette filière industrielle tricolore menacée par l'interdiction du diméthoate.
Le 15 avril dernier, le ministère de l'Agriculture a annoncé l'interdiction de cet insecticide utilisé principalement pour préserver les cerises de la "Drosophile Suzukii", une mouche originaire du Japon qui n'a pas de prédateurs en Europe. Si la molécule est redoutable contre ce parasite, elle est aussi très controversée pour sa toxicité.
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En 2013, l'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a identifié un risque potentiel pour la consommation de denrées traitées avec du diméthoate. Elle renvoie alors aux Etats membres le soin de statuer produit par produit et usage par usage sur le niveau de risque pour le consommateur. "A la base, le diméthoate est une substance interdite. Dans le règlement européen, il existe toutefois une possibilité pour chaque Etat membre d'accorder une dérogation pour un usage spécifique", explique-t-on au ministère de l'Agriculture.
Pas de dérogation
En France, l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a conclu fin 2015 à la nécessité de retirer le produit sauf à ce que l’entreprise détentrice de l’autorisation apporte des données permettant d’écarter tout risque de toxicité.
En l’absence de transmission de données par l’entreprise sur les fruits pour l’ensemble de l’Union européenne, l’ANSES a retiré l’autorisation de mise sur le marché de ce produit en février 2016. "Pour des raisons de santé publique, la France a donc décidé de ne pas renouveler de dérogation pour cette année", détaille le ministère.
Les agriculteurs devront donc se tourner vers des molécules alternatives pour protéger leurs cerisiers de la Drosophile Suzukii, explique le ministère. Une recommandation qui ne passe pas du côté des producteurs de cerises confites : "il n'existe pas d'autre molécule efficace pour lutter contre cette invasion", martèle Olivier Charles, PDG d'Aptunion, principal producteur français. "Le gouvernement a pris une décision sans en mesurer les conséquences pour les agriculteurs et pour notre filière. Il aurait dû anticiper et organiser des expérimentations pour d'autres molécules".
Une activité locale en danger
Une décision d'autant plus incompréhensible, selon lui, compte tenu des spécificités de sa filière. Il ne s'agit pas des cerises de table que l'on trouve sur les étals de nos marchés. Les deux entreprises Aptunion et Marliagues produisent des fruits confits qui sont ensuite vendus à des industriels comme Brossard, aux pâtissiers, aux chocolatiers.
"Le process industriel permet de garantir 0% de diméthoate sur nos cerises. Les fruits sont mis en saumur, rincés plusieurs fois puis plongés dans l'eau bouillante pendant quatre heures. On ne retrouve sur le produit fini aucune trace de la molécule", explique Olivier Charles.
Aux portes de son usine, à Apt, s'étend un verger de 1000 hectares qui produit 8000 tonnes de cerises par an. De quoi assurer un approvisionnement à 90% made in France. "Il y a une dizaine d'années, nous avons mécanisé le verger afin qu'il soit plus compétitif et concurrentiel par rapport aux vergers turcs ou roumains. Nous avons investi. Et malgré tous nos efforts, avec cette interdiction, c’est toute une activité locale et un savoir-faire patrimonial qui risquent de disparaître, dans un des territoires les plus pauvres de France", argue-t-il. Selon les producteurs de cerises confites, leurs clients vont délaisser le marché français car la cerise sera hors de prix et de moins bonne qualité."Il y a une dizaine d'années, nous avons mécanisé le verger afin qu'il soit plus compétitif et concurrentiel par rapport aux vergers turcs ou roumains. Nous avons investi"
Tous leurs espoirs reposent donc sur les épaules du Premier ministre Manuel Valls qui doit les recevoir, ce mercredi 11 mai, à Matignon. "Nous demandons qu'il prenne conscience de la spécificité de notre filière et qu'il nous accorde une dérogation pour cette année. Et ensuite que l'on active des plans d'expérimentation pour mettre en place des alternatives fiables pour 2017".
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