L'innovation ou le béton ?
Les capitaines d'industrie doivent tenir bon. Penser plus loin que cette crise qui a jeté un brouillard dense sur l'avenir. Et ne pas sacrifier l'innovation. Malgré les difficultés de financement, malgré les trésoreries tendues qui imposent des stratégies à court terme, il faut préserver à tout prix la R & D. Ne pas suivre l'exemple des industriels qui, comme Alcatel-Lucent, choisissent de sacrifier quatre centres de recherche sur dix. Se démarquer de ceux qui, comme Renault, envisagent déjà de réduire leur effort de R & D cette année (- 15 % entre 2007 et 2009). La responsabilité des dirigeants est énorme : s'ils cèdent aujourd'hui à la tentation du repli, ils sacrifient leurs parts de marché demain.
L'État doit également soutenir cet effort. Le crédit d'impôt recherche est un levier, mais il est insuffisant. Du côté des PME, le compte n'y est pas. La réduction du budget d'Oséo Innovations de 800 millions d'euros en 2008 à 500 millions d'euros cette année est un mauvais signal dans le contexte actuel. Alors même que les petites entreprises peinent à se financer auprès des banques, l'État réduit les crédits qu'il leur accorde pour innover. La crise impose-t-elle de tels sacrifices ? Tout est question de priorités. La place de la France sur les marchés mondiaux demain dépendra-t-elle de la quantité de bâtiments, de routes et de rails construits grâce aux 1 000 chantiers de la relance ? Ou plutôt de sa capacité à proposer des produits et des services innovants ? À Industrie et Technologies, nous croyons que l'innovation assure des fondations plus solides que des tonnes de béton.