« L’innovation a besoin d’une nouvelle éthique », lance Franck Aggeri, de Mines ParisTech-PSL
Auteur du livre « L'innovation - mais pour quoi faire ? », Franck Aggeri décrit comment l’innovation est devenue une sorte d’idéal universel, oblitérant tout questionnement sur son but et ses conséquences. Face à la crise écologique, il est pourtant indispensable de sortir de cet aveuglement pour innover autrement, explique ce professeur de management de Mines ParisTech-PSL.
Vous décrivez dans votre livre une culture de l’innovation qui s’est progressivement imposée depuis la Seconde Guerre mondiale. Qu’entendez-vous par là ?
On peut parler de culture quand on a affaire à une croyance qui imprègne la société. Une croyance que l’on ne questionne plus, qui est un impensé. L’innovation est aujourd’hui dans tous les discours. On l’étudie, on l’organise, on la célèbre… L’injonction à l’innovation est partout, dans la technologie, la finance, le social... États, entreprises et individus doivent innover sous peine d’être déclassés. Elle est perçue comme le moteur de la croissance économique, c’est devenu le seul horizon de nos sociétés développées. Ce succès de l’innovation devenue culture tient aussi au fait qu’il s’agit d’un concept flou, flexible, qui a remplacé l’idée de progrès.
Cet article est réservé à nos abonnés Industrie & Technologies
Soutenez un journalisme d'expertise.