"L’industrie pharmaceutique connaît un véritable big bang", affirme Patrick Errard, président du Leem

L’industrie pharmaceutique mise sur son université d’été pour faire évoluer le système de santé. Son syndicat, le Leem, organise pour la première fois à Paris "Pharmacité", un évènement qui devrait rassembler près de 700 participants ce jeudi 2 juillet. Entretien avec Patrick Errard, président du Leem, qui affirme que le secteur a profondément changé.

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Patrick Errard, président du Leem

L'Usine Nouvelle : Pourquoi organisez-vous Pharmacité ?

Patrick Errard : Nous voulions recréer au cours d’une journée l’idée de la cité de l’innovation, sans frontières, selon un format moderne inspiré des plateaux télés. C’était aussi l’occasion d’inviter de jeunes talents de notre industrie à s’ouvrir aux enjeux de demain en écoutant des personnalités extérieures intervenir sur l’innovation.

Cela signifie-t-il la présence de nouveaux interlocuteurs : associations, lanceurs d’alerte ?

Le monde associatif est représenté. Mais nous avons aussi cherché des intervenants qui ne regardent pas forcément le monde de la santé comme juge et partie : économistes, sociologues avec une vision analytique, témoins ayant vécu le progrès technique dans un autre secteur que le médicament, "sages" avec une expérience de la pharmacie dans le monde…

Quels sont les enjeux de ce rendez-vous ?

Nous voulons montrer que les innovations qui se profilent à très court terme vont constituer un choc sans précédent pour le système de santé, et ceci au bénéfice des patients. En se décloisonnant et en évoluant vers des solutions multi-technologiques, l’industrie pharmaceutique connaît un véritable big bang. La question que nous posons est : n’y-a-t-il pas urgence à réinventer la façon de concevoir la médecine et plus généralement l’organisation des soins ? Il est évident que nos enfants ne seront pas soignés comme nous le sommes, grâce à la génomique, la robotique, la chirurgie ambulatoire… Le futur est clairement orienté vers le développement de la médecine personnalisée.

Cet évènement est aussi l’occasion de tourner la page des affaires médiatiques du passé, comme le Mediator ?

Nous voulons surtout montrer que le médicament est autre chose que l’image que l’on en donne trop souvent. Les entreprises du médicament ont profondément changé et le LEEM avec. Nous souhaitons la transparence et le dialogue, mais refusons l’anathème et la caricature. Je souhaite imprimer définitivement ce nouveau visage du médicament.

Sur le plan de l’éthique aussi ?

Il y a deux éthiques : une collective et une individuelle. Mes prédécesseurs et moi-même avons porté l’éthique collective de toutes nos forces, avec notamment la création du Codeem. Le chemin est tracé. La grande question est celle de l’éthique individuelle : la norme que vous vous fixez à vous-même et la décision que vous prenez de la respecter ou non. Il s’agit là d’un travail d’éducation, de pédagogie des plus jeunes, qui n’aura pas de fin…

Vos relations avec le gouvernement se sont-elles apaisées ?

Nous avions suspendu l’an dernier notre participation aux comités de filière Santé - le CSIS et le CSF - car les conditions du dialogue ne nous semblaient plus réunies avec ce que nous imposait le gouvernement via le PLFSS (le budget de la Sécurité Sociale, ndlr). Mais depuis la mi-2014, nous avons ré-institutionnalisé notre dialogue avec l’Etat avec la création d’un comité d’interface, pour échanger lors de l’élaboration des lois de Financement de la sécurité sociale ou encore de la loi de Santé.

Où en êtes-vous de ce dialogue ?

Depuis le mois dernier, nous partageons avec les services ministériels nos chiffres et analyses sur les données économiques, structurelles… Nous nous sommes aussi engagés à produire une vision à cinq ans de toutes les innovations – de rupture notamment – censées arriver. Comme les anticorps monoclonaux contre le cancer du poumon, les traitements du cancer du pancréas, les promesses contre la tumeur dans le système nerveux central chez l’enfant… Plus personne ne pourra dire, comme dans le cas Solvaldi (ce traitement innovant mais très onéreux de l’hépatite C, dont la prise en charge a suscité la polémique, ndlr) : "Nous n’avons pas été prévenus" !

Avez-vous trouvé un accord pour réguler le système?

Nous avons proposé une dizaine de mesures structurelles, comme le développement de l’automédication ou le parcours de soin à l’hôpital, comme autant d’alternatives à la politique de baisse des prix qui détruit la compétitivité de la France et son outil industriel. Mais nous sommes encore sur des zones de divergences fortes avec le gouvernement, ce qui maintient au sein de notre industrie un climat de tension. Nous voyons arriver avec une certaine angoisse le montant qui nous sera demandé à l’automne via le nouveau PLFSS (900 millions d’euros l’an dernier). Nous n’accepterons pas que l’Etat se parjure dans son engagement à le faire baisser significativement.

Propos recueillis par Gaëlle Fleitour

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