[L’industrie c’est fou] Une pile constituée de sucre, de papier et d'enzymes… Le pari écologique d’une start-up iséroise
La jeune pousse iséroise BeFC a mis au point une pile biodégradable à partir d’enzymes, de sucre et de papier. Destinée aux appareils électroniques à faible puissance, cette solution pourrait constituer une alternative aux batteries alcalines ou lithium, dont le recyclage est encore laborieux.
Ce n’est une surprise pour personne, les piles se recyclent très difficilement. «Il faut les démanteler et c’est un processus très dangereux car elles contiennent des métaux toxiques et inflammables», détaille Marie Berthuel, directrice produit et responsable de la communication de BeFC (Bioenzymatic Fuel Cells), une start-up iséroise fondée en 2018 et produisant une biocellule à partir d'enzymes, de sucre et de papier. «Souvent, le plus simple est de les stocker dans des hangars jusqu’à ce que quelqu’un trouve une solution miraculeuse, de les jeter en décharge ou de les incinérer», ajoute-t-elle, soulignant l’impact environnemental catastrophique de ces pratiques. Au total, selon Marie Berthuel, 15 milliards de batteries primaires finissent en décharge ou sont incinérées par an dans le monde, dont 97% sont des piles miniatures.
Son entreprise vise à contourner cette problématique en fabricant en France une batterie biodégradable de «quelques milliwatts par centimètre carré» à destination des appareils électroniques à faible puissance tels que les tests de grossesse ou les pompes à insuline. Le fonctionnement de ce petit dispositif très fin s’inspire du corps humain qui, lorsqu’il ingère du sucre ou respire de l’oxygène, crée de l’énergie grâce aux enzymes. «On a pris cette technologie existante et on l’a mise sur un bout de papier», résume Marie Berthuel.
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Ainsi, les enzymes présentes sur la cellule constituée de couches de cellulose et de papier carbone transforment le glucose et l’oxygène en électricité. Une technique qui a demandé des dizaines d’années de recherche au préalable au sein du CNRS, le dépôt de six brevets et de 17 autres en cours.
Vers une nouvelle levée de fonds
La jeune pousse, qui produit actuellement 1 000 unités par jour et compte atteindre le million d’ici à 2024, codéveloppe sa solution avec une dizaine de clients issus de secteurs très variés. «Cela va du suivi du traitement des déchets aux produits de luxe en passant par tout ce qui est logistique et médical», décrit la responsable communication en énumérant d’autres domaines : industrie 4.0, bien-être humain et animal, femtech, agritech, foodtech… Selon BeFC, les entreprises sont attirées par l’aspect écologique de la biocellule mais aussi économique. «Aujourd’hui on est comparable au prix du lithium et, dans plusieurs mois, à celui de l’alcaline», promet Marie Berthuel.
La start-up, récompensée à plusieurs reprises (CES innovation award 2021, 2022 et 2023) et labellisée French Tech Green20, a levé en 2020 3 millions d’euros de fonds d’amorçage auprès de Demeter, Bnp Paribas Développement et Supernova Invest. Elle cherche actuellement à lever 15 à 20 millions d’euros en série A grâce à l’apport d’investisseurs «d’envergure mondiale» pour toucher des marchés au-delà des frontières hexagonales, notamment l’Amérique du Nord et le Japon.
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