[L'industrie c'est fou] Un vaisseau en forme de vulve pour « restaurer l'égalité des genres dans l'espace »
Un collectif féministe allemand veut inciter l'Agence spatiale européenne à construire un vaisseau spatial en forme de vulve, afin de prouver que les femmes ont toute leur place dans l'espace. Selon ses membres, le design aérodynamique de l'engin lui permettrait d'égaler les performances de ses équivalents phalliques.
Effectué en juillet 2021, le vol suborbital du milliardaire Jeff Bezos a été considéré comme une étape majeure pour l'essor du tourisme spatial. Visiblement peu touchés par l'aspect solennel de l'événement, de nombreux internautes étaient focalisés sur un détail bien plus trivial : la forme phallique de sa fusée Blue Origin. Il n'est d'ailleurs pas nécessaire d'avoir l'esprit si mal tourné pour constater que la quasi-totalité des vaisseaux construits depuis les débuts de la conquête de l'espace ressemblaient déjà de près ou de loin à des pénis en érection. Cette domination pourrait cependant bientôt toucher à sa fin car Wer Braucht Feminismus? a pour ambition de faire fabriquer une fusée... en forme de vulve.
Ce collectif féministe allemand, dont le nom signifie en français « Qui a besoin du féminisme ? », assure que leur concept ne mettrait pas en péril les missions spatiales, grâce à son design « étonnamment aérodynamique ». « Cette forme en V optimisée permet de traverser l'atmosphère terrestre beaucoup plus facilement qu'avec un vaisseau classique et garantit une efficacité énergétique maximale », expliquent ses membres, après avoir travaillé main dans la main avec des scientifiques et des ingénieurs. De plus, son extérieur en carbone renforcé le protège selon eux des températures extrêmes de l'espace.
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Moins de 70 femmes dans l'espace
Contrairement aux bricoleurs de Copenhagen Suborbitals, les membres de Wer Braucht Feminismus? ne prévoient pas d'élaborer cette fusée par leurs propres moyens. Ils espèrent plutôt recueillir 500 000 signatures sur leur pétition afin de mobiliser l'Agence spatiale européenne (ESA) et de la pousser ainsi à faire du Vulva Spaceship une réalité. « Nous voulons restaurer l'égalité des genres dans l'espace [et] montrer au monde que l'empouvoirement féminin y a aussi sa place », précisent-ils sur leur site internet.
Si leur projet peut paraître un poil farfelu, l'essence même de leurs revendications s'avère en revanche complètement légitime, le secteur spatial étant depuis toujours un milieu largement phallocentré. Au total, moins de 70 femmes ont eu la chance d'explorer le cosmos, contre plus de 500 hommes. Parmi elles ne figurent d'ailleurs que trois Européennes, dont une Française (Claudie Haigneré). Un ratio qui reste profondément inégalitaire aujourd'hui, puisque sur les dix astronautes actuellement dans l'espace, seules deux sont des femmes.
Vers une prise de conscience
Outre les multiples remarques et comportements sexistes qui étaient monnaie courante il y a encore quelques dizaines d'années, les pionnières des étoiles ne disposent pas toujours d'équipements adéquats. En mars 2019, la première sortie extra-véhiculaire 100% féminine a été annulée à la dernière minute (et finalement effectuée quelques mois plus tard), car l'une des deux combinaisons disponibles était trop grande. Autre exemple : il a fallu attendre octobre 2020 pour que la Station spatiale internationale (ISS) dispose enfin de toilettes adaptées à la physionomie féminine.
Les spécialistes du secteur auraient pourtant tout intérêt à mieux accueillir les représentantes du genre féminin, qui sont bien souvent plus petites que leurs collègues masculins, mangent moins et consomment moins d'oxygène. Des atouts précieux lorsque chaque centimètre carré compte. Heureusement, les mentalités commencent enfin à évoluer. En pleine phase de recrutement pour former ses prochains astronautes, l'ESA a établi une première sélection de 1 361 candidatures, parmi lesquelles 831 hommes et 530 femmes. De son côté, l'ancien patron de la Nasa Jim Brendenstine estimait en mars 2019 que la prochaine personne à marcher sur la Lune serait probablement une femme, et même que le sol martien pourrait être foulé en premier par unE astronaute.
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