[L'industrie c'est fou] Kitekraft veut remplacer les éoliennes par des cerfs-volants
La start-up allemande Kitekraft a développé un prototype de cerf-volant capable de produire de l'électricité grâce à l'énergie éolienne aéroportée. Econome en matériaux, bon marché, presque invisible et peu bruyant, cet engin pourrait se tailler une place de choix au sein du large éventail des solutions renouvelables.
Essentielle à la transition écologique, l'énergie éolienne a le vent en poupe. Selon les chiffres de l’Association mondiale de l’énergie éolienne (WWEA), environ 97 GW de nouvelles capacités ont été raccordées rien qu'au cours de l'année 2021, ce qui porte la puissance cumulée de toutes les éoliennes en service sur notre planète à 840 GW. Une puissance qui permet déjà d'assurer plus de 7% de la consommation mondiale d’électricité et qui ne cesse de progresser : elle ne dépassait pas les 540 GW en 2017, et stagnait même à 7,5 GW en 1997. Si la quasi-totalité de ces installations s'appuient aujourd'hui sur des éoliennes terrestres ou offshore, une troisième voie semble peu à peu se dessiner : l'énergie éolienne aéroportée.
Un dispositif discret
Basée à Munich (Allemagne), la start-up Kitekraft cherche à conquérir ce marché balbutiant mais prometteur. Son innovation prend la forme d'un imposant cerf-volant, relié au sol via un câble de plusieurs centaines de mètres. L'appareil reste au sol lorsqu'il pleut, mais plane à travers les nuages dès lors que les conditions météorologiques sont au beau fixe. Huit petits moteurs l'aident à décoller et à atterrir, et ses rotors se transforment en éoliennes miniatures une fois que l'engin commence à effectuer des figures en forme de huit, poussé par les forces du vent. Le courant ainsi généré transite par le câble, puis se retrouve directement injecté dans le réseau.
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Cette technologie présente de multiples avantages. Flottant à plusieurs centaines de mètres de la terre ferme, les éoliennes volantes parviennent à capter des vents bien plus vigoureux que leurs équivalentes traditionnelles. Un atout qu'elles partagent avec les éoliennes flottantes, placées loin des côtes et considérées par certains comme l'avenir de l'éolien en mer. Kitekraft met également en avant la discrétion de son dispositif, tant au niveau sonore que visuel. Une configuration à même de séduire les nombreux riverains (et politiciens) qui accusent les éoliennes de gâcher leur paysage et retardent ainsi leur déploiement.
90% de matériaux en moins
Les éoliennes aéroportées se révèlent par ailleurs bien plus économes en termes de matériaux, car elles se passent des tonnes d'acier, de béton et de plastique nécessaires à la construction des mâts. Publiée en 2021, une étude de l'association Airborne Wind Europe estimait qu’un parc de cerfs-volants de 50 mégawatts requerrait 913 tonnes de matériaux sur une durée de vie de 20 ans, contre 2 868 tonnes pour un parc éolien standard. La start-up allemande avance de son côté des gains de l'ordre de 90% et rappelle que cette sobriété permet de réduire considérablement l'empreinte carbone de l'installation.
Kitekraft n'en est encore pour l'instant qu'au stade du prototype, mais espère pouvoir commercialiser d'ici à 2024 des cerfs-volants en aluminium de dix mètres d’envergure, capables de produire jusqu’à 100 kW. Si tout se passe comme prévu, l'entreprise prévoit de sortir par la suite un modèle deux fois plus grand, qui produirait jusqu'à cinq fois plus d'énergie. Elle a déjà dévoilé plusieurs vidéos de tests fructueux, et devrait en effectuer d'autres au cours de l'année.
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