[L'industrie c'est fou] Des scientifiques ont fait pousser des plantes dans du sol lunaire
Financée par la Nasa, une équipe de scientifiques de l'université de Floride a accompli une première historique : faire pousser des plantes dans des échantillons de sol prélevé sur la Lune. Le chemin reste encore long avant de pouvoir y ouvrir un marché de fruits et légumes frais.
Bien décidés à installer au plus vite une base permanente sur la Lune avant de s'atteler à la conquête de Mars, les Américains tentent de trouver des solutions qui permettraient aux astronautes de subvenir à leurs besoins. Certaines expériences se concentrent sur les matériaux de construction nécessaires aux nouveaux bâtiments ou sur la sexualité en apesanteur, quand d'autres se focalisent sur un autre sujet primordial : l'alimentation. Impossible en effet de bourrer les fusées de paquets de chips ou de pizzas. Les colons de l'espace devront eux-mêmes produire leur nourriture s'ils veulent explorer durablement le satellite de la Terre.
12 précieux grammes de terre lunaire exploités
En la matière, une étape majeure vient d'être franchie : une équipe de chercheurs du département des sciences horticoles de l'université de Floride est parvenue à faire pousser des plantes dans du sol lunaire, aussi appelé régolithe. Publiée mi-mai dans la revue Communications Biology, leur étude est le fruit de onze années d'âpres négociations avec la Nasa, qui protège farouchement ses rares échantillons. L'agence spatiale a finalement accepté de leur attribuer 12 grammes de régolithe récoltés il y a environ 50 ans, lors des missions Apollo 11, 12 et 17. « Ces recherches sont cruciales pour les objectifs d’exploration humaine à long terme de la Nasa », a reconnu son dirigeant Bill Nelson dans un communiqué.
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Les scientifiques ont ainsi placé la précieuse terre lunaire dans des pots de la taille d'un dé à coudre, avant d'y verser un peu d'eau, une solution nutritive et des graines d'arabette des dames (Arabidopsis thaliana). Souvent considérée comme une mauvaise herbe, cette lointaine cousine des brocolis et des choux-fleurs a été choisie en raison de sa résistance et de sa croissance rapide. Grâce à ces qualités, il s'agit de l'un des végétaux les plus étudiées au monde et son code génétique a déjà été entièrement cartographié. Afin d'effectuer des comparaisons, plusieurs graines ont parallèlement été plantées dans des échantillons simulant les conditions lunaires ou martiennes à partir de matériaux terrestres.
Feuilles et racines Rabougries et rougeâtres
A leur grande surprise, tous les semis ont réussi à germer ! L'enthousiasme de cette découverte a cependant baissé d'un cran à partir du sixième jour de l'expérience, lorsque les plantes issues du sol lunaire ont commencé à se montrer moins robustes que les autres. Leur croissance s'avérait plus lente et certaines feuilles et racines étaient rabougries ou présentaient une pigmentation rougeâtre. Au bout de 20 jours, les pousses ont été broyées afin d'étudier leur ARN, un acide nucléique très proche chimiquement de l'ADN.
Les résultats ont montré que les plantes avaient subi un stress important, comme si elles avaient grandi dans un environnement hostile, tel un sol saturé en sel ou en métaux lourds. Avant de pouvoir déguster des courgettes ou des pommes lunaires, il faudra donc identifier un moyen d'empêcher ces réactions indésirables. Cette étude a d'ores et déjà permis d'apprendre que les végétaux plantés dans du régolithe plus mature, c'est-à-dire plus exposé aux vents cosmiques, avaient été moins résistants que ceux plantés dans du sol lunaire plus protégé. Un pas de géant pour l'agriculture spatiale.
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