[L'industrie c'est fou] Des chaussures fabriquées à partir d'une bactérie
La start-up britannique Modern Synthesis utilise une bactérie présente dans le thé kombucha pour « tisser » des biotextiles. Début juin, elle a conclu un tour de table de près de quatre millions d'euros, ce qui lui permettra d'ouvrir bientôt une première usine au sud de Londres.
Les innovations du secteur de la mode n'ont pas fini de nourrir la rubrique L'industrie c'est fou. Après les vestes équipées de panneaux solaires invisibles et les costumes en poils de moustache, L'Usine Nouvelle vous présente une nouvelle invention aussi improbable qu'écologique : les chaussures microbes. Un projet des plus sérieux, puisqu'il a permis à la start-up britannique Modern Synthesis de lever 4,1 millions de dollars (environ 3,9 millions d'euros) début juin.
Réduction des déchets de production
Fondée en 2019, cette pépite a pour objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre et la pollution plastique générées par l'industrie textile. Pour ce faire, elle dispose d'une arme secrète : le thé kombucha. L'idée n'est pas d'offrir une tasse de cette boisson fermentée aux dirigeants des géants de la fast fashion en espérant ainsi calmer leurs ardeurs, mais plutôt de tirer profit de l'une des bactéries qu'elle contient, appelée k.rhaeticus.
VOS INDICES
source
Celle-ci produit naturellement de minuscules fibres de nanocellulose, un matériau léger, mais huit fois plus résistant que l'acier et encore plus rigide que le kevlar, sous la forme d'un genre de gel. Afin de lui donner la forme souhaitée, la start-up utilise des robots qui viennent « tisser » des fibres en respectant un modèle précis. Les bactéries se développent autour de ces structures en 10 à 14 jours, puis les employés n'ont plus qu'à découper et à assembler les différents morceaux pour livrer un produit fini, par ailleurs complètement recyclable. Tout comme l'impression 3D, ce procédé permet également de réduire les déchets au maximum, puisque les chutes sont particulièrement peu nombreuses.
Une première usine au sud de Londres
Grâce à cette technologie, Modern Synthesis est déjà parvenue à fabriquer une chaussure, et assure pouvoir concevoir d'autres types d'objets. L'argent levé lui servira justement à changer d'échelle, en ouvrant une première usine dans le sud de Londres d'ici à la fin de l'année et en recrutant de nouveaux talents. Augmenter ses capacités lui sera d'autant plus nécessaire qu'un « acteur-clé » dans le secteur du sportswear lui aurait déjà demandé des prototypes.
Modern Synthesis n'est pas la seule à croire en l'avenir des biomatériaux au sein de l'industrie textile, de plus en plus de start-up et de groupes bien établis s'emparent du sujet. En janvier, la société américaine MycoWorks a même récolté 125 millions de dollars pour son cuir végétal à base de mycélium de champignons. Selon l'association Material Innovation Initiative, les tissus naturels devraient ainsi peser 2,2 milliards de dollars (environ 2,1 milliards d'euros) au sein du seul secteur de la mode d'ici à 2026. Une somme en forte augmentation, mais qui ne représenterait que 3% du marché, contre 27% pour les matériaux pétro-sourcés et toujours 70% pour les matériaux d'origine animale.
SUR LE MÊME SUJET
[L'industrie c'est fou] Des chaussures fabriquées à partir d'une bactérie
Tous les champs sont obligatoires
0Commentaire
Réagir