[L’industrie c’est fou] De la viande de mammouth bientôt dans nos assiettes
Une entreprise australienne a recréé artificiellement de la viande de mammouth à partir de l’ADN de ce pachyderme disparu. Elle espère ouvrir le débat sur le futur de l’alimentation et la question de la viande in vitro, censée être responsable de l'émission de moins de gaz à effet de serre que la viande issue de l’élevage.
Et si, dans le Buffalo Grill du futur, après la salade de bienvenue, nous trouvions au menu de la viande de mammouth, un animal éteint depuis environ quatre siècles ? Cela semble improbable mais l’entreprise australienne Vow a récemment prouvé le contraire. Elle a cultivé en laboratoire une imposante boulette de viande de mammouth qu'elle a ensuite exposé au musée des sciences d’Amsterdam (Pays-Bas). Le globe brunâtre doit encore passer des tests de sécurité alimentaire avant de pouvoir être dégusté. Impossible, donc, de connaître son goût, quoiqu'il doit être proche de celui de la viande d'éléphant, un mets apprécié dans certains pays d'Afrique et en Thaïlande...
Vow précise qu’elle a utilisé l’ADN d’un mammouth laineux (plus précisément la protéine myoglobine, qui donne son goût à la viande) ainsi qu’un extrait d’ADN d’éléphant pour constituer son produit. Le choix de cet animal n'est pas anodin. «Le mammouth est un immense symbole de perte», explique-t-elle sur son site web pour justifier son choix de se tourner vers ce pachyderme disparu en raison d’un changement climatique brutal. Elle souhaite attirer le regard sur les très nombreuses espèces en voie de disparition pour la même raison, à savoir le réchauffement rapide du climat.
La viande in vitro, une bonne idée ?
Sur Linkedin, Vow explique son intention : «Nous voulons lancer un débat plus large sur le futur de l'alimentation et sur la manière dont la viande cultivée peut jouer un rôle important et passionnant en révolutionnant notre façon de manger». En effet, l’élevage serait responsable de 14,5% des émissions de gaz à effet de serre (GES) mondiales selon l’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). A l’avenir, cette part pourrait augmenter puisque la FAO estime que la consommation de viande s'accroîtra de 70% d’ici à 2050. La viande in vitro permettrait de continuer à en manger tout en préservant l’environnement puisqu’elle émettrait jusqu’à 96% de GES en moins que l’élevage, selon une étude de l’université britannique d’Oxford publiée en 2011.
Cependant, ces chiffres sont aujourd’hui contestés par d’autres chercheurs de cette université qui expliquaient dans un texte publié en 2019 que la viande cultivée en laboratoire produisait dix fois plus de dioxyde de carbone. Problème, il reste plus longtemps dans l’atmosphère que le méthane émis massivement par les ruminants. «Il n’existe aucune production industrielle de viande in vitro, il est donc aujourd’hui impossible de dire qu’elle est moins polluante que l’élevage traditionnel», constatait Jean-François Hocquette dans les colonnes de L’Usine Nouvelle en 2020. Face à ces incertitudes, le plus simple à court terme reste donc de limiter sa consommation de viande. La boulette de Vow n'est de toute manière pas très appétissante, n'en déplaise à ses inventeurs.
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