L'inconfort grandit dans l'économie mondiale, selon BNP Paribas
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Si les fondamentaux, bien que moins robustes, demeurent satisfaisants et si les grandes banques centrales sont clairement disposées à soutenir l'activité, le climat est loin d'être serein, a dit jeudi l'expert de la banque française lors d'un point de presse à Paris.
"Il y a une baisse de confiance dans les perspectives de croissance, ce qui entraîne de la prudence et pourrait peser notamment sur les décisions d'investissement des entreprises", a-t-il dit.
Aux Etats-Unis, où le cycle d'expansion économique vient d'entrer dans son 121e mois, ce qui en fait le plus long de l'histoire, la plupart des indicateurs avancés signalant un risque de récession sont encore au vert mais certains sont passés à l'orange, notamment du côté des courbes de taux, a-t-il ajouté.
"A la différence d'un cycle classique, le cycle actuel se caractérise par des chocs de nature exogène qui créent des incertitudes", a-t-il dit en citant les tensions entre les Etats-Unis et leurs principaux partenaires commerciaux, ainsi que la menace d'un Brexit sans accord.
Ce haut niveau d'incertitude liée à des facteurs exogènes explique pourquoi la politique monétaire a un impact limité, malgré la volonté affichée par la Réserve fédérale comme par la Banque centrale européenne de mettre en oeuvre les mesures de stimulation nécessaires, a-t-il poursuivi.
"La synchronisation des politiques monétaires reflète une problématique partagée, à savoir une inflation inférieure à l'objectif visé, et des préoccupations communes, la principale étant la montée des incertitudes", a-t-il dit.
"Si ces incertitudes devaient perdurer, cela pourrait peser sur l'efficacité de l'assouplissement monétaire", a-t-il ajouté
LAGARDE FACE À UN "DÉFI CONSIDÉRABLE"
Dans ce contexte, Christine Lagarde, qui vient d'être choisie par les dirigeants européens pour succéder à Mario Draghi à la tête de la BCE, se retrouvera "face à un défi considérable", a-t-il dit.
Comme la Fed, la BCE peine à résoudre le mystère de l'inflation, qui refuse de décoller malgré un marché du travail tendu et des salaires en augmentation, a-t-il argumenté.
L'institution de Francfort dispose en outre d'une marge de manoeuvre limitée, ce qui l'oblige à déterminer avec soin le calendrier des mesures de soutien qu'elle souhaite mettre en oeuvre, a-t-il dit.
La situation n'est pas plus brillante pour les économies émergentes, confrontées elles aussi à un ralentissement de la croissance, a déclaré pour sa part François Faure, responsable du risque pays chez BNP Paribas, lors du même point de presse.
"On observe une certaine complaisance financière vis-a-vis de la situation des économies émergentes", a-t-il dit en citant notamment les difficultés rencontrées par les poids lourds de cet univers que sont la Chine, l'Inde ou encore le Brésil.
A la différence des pays développés, les pays émergents tardent à proposer des solutions en matière de politique monétaire, a-t-il dit.
(Patrick Vignal, édité par Juliette Rouillon)