L'Europe veut remettre en service le Boeing 737 MAX en janvier 2021
L'Agence européenne de sécurité aérienne (AESA) a dévoilé le 21 novembre son calendrier pour la remise en service du Boeing 737 MAX.
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Mis à jour
23 novembre 2020
L’Agence européenne de sécurité aérienne (AESA) s'apprête à autoriser à son tour une reprise des vols des Boeing 737 MAX en janvier, a annoncé samedi 21 novembre le directeur de l'AESA. Le modèle d'avion américain est resté cloué au sol pendant 18 mois à travers le monde après son implication dans deux accidents aériens qui ont fait 346 morts. Après de longs travaux sur le système de contrôle de vol, Boeing a obtenu une nouvelle certification aux États-Unis pour son appareil best-seller.
"Une analyse totalement indépendante"
"Nous avons tenu à avoir une analyse totalement indépendante de la sécurité de cet avion donc nous avons fait nos propres analyses, nos propres vols d'essai pour passer au crible tous les comportements de l'appareil. Toutes ces études nous montrent qu'effectivement le Boeing 737 MAX peut être remis en service car l'avion est sûr", a justifié Patrick Ky à l’occasion du Paris Air Forum organisé par La Tribune.
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"Il est vraisemblable que dans le cas de l'AESA, nous adopterons les décisions qui permettent de le remettre en service dans le courant du mois de janvier, c'est le calendrier", a-t-il ajouté. De son côté, la Chine n'a révélé aucun calendrier.
Renversement de la hiérarchie des régulateurs
La crise du 737 MAX a marqué un renversement de la hiérarchie réglementaire mondiale. Si, dans le passé, les régulateurs ont promptement suivi les directives de l'autorité fédérale américaine de l'aviation (FAA), reconnue comme pionnière en matière de sécurité aérienne pendant des décennies, les crashes mortels consécutifs du 737 MAX ont questionné la crédibilité de l'instance de régulation américaine. Signe de son influence croissante dans l'aérospatiale, la Chine avait rapidement ordonné aux compagnies aériennes du pays de suspendre leurs vols opérés en 737 MAX, ce qui avait déclenché une cascade d'interdictions dans le monde entier.
Le processus de remise en service de l'appareil devrait ainsi prendre du temps, les régulateurs étrangers souhaitant vérifier attentivement les nouvelles exigences de la FAA et imposer leurs propres conditions pour améliorer les procédures de sécurité. Le soutien du Canada et du Brésil à la FAA est attendu d'ici quelques semaines, bien que les deux pays, gros producteurs d'aéronefs ne se soient pas encore dits prêts à se prononcer.
"Bras-dessus, bras-dessous"
La capacité des régulateurs mondiaux à coopérer est cruciale dans un secteur qui couvre plusieurs dizaines de juridictions. Steve Dickson, administrateur de la FAA, a minimisé les différences d'opinion avec les autres instances de régulation, soulignant que l'autorité américaine avait travaillé "bras-dessus, bras-dessous" avec l'Europe, le Canada et le Brésil.
"Aussi douloureux et ardu que le processus ait été, il a vraiment renforcé la coopération entre ces régulateurs et je pense qu'il nous a placé dans une position beaucoup plus forte à l'échelle mondiale en matière de sécurité aérienne à l'avenir", a-t-il commenté, ajoutant qu'il s'attendait à ce que d'autres agences approuvent le Boeing 737 MAX dans un "laps de temps relativement court".
Le 737 MAX, monnaie d'échange politique ?
La décision des autorités chinoises sur l'éventuel redécollage de l'appareil reste pour l'heure sans réponse, mais elle aura un impact immédiat sur Boeing et pourrait entraver la remise en service de l'avion par d'autres compagnies asiatiques. Selon des analystes, la Chine a des intérêts plus larges en tant que puissance aérospatiale montante, et certains d'entre eux n'excluent pas que Pékin utilise le Boeing 737 MAX comme monnaie d'échange politique.
"Nous craignons qu'il ne soit utilisé comme un outil dans l'escalade des tensions entre les gouvernements américain et chinois", écrit Burkett Huey, analyste chez Morningstar. "Cela dit, nous sommes encouragés par les changements à venir au sein du gouvernement américain et pensons que la nouvelle administration pourrait avoir une politique commerciale moins agressive, ce qui, à notre avis, augmente les chances de recertification chinoise", a-t-il ajouté.
Avec Reuters (Avec la contribution de Heekyong Yang, David Shepardson et Bernadette Christina Munthe ; version française Juliette Portala, édité par Jean-Michel Bélot)
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