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L’Europe sociale : les projets existent, mais la volonté manque 

Salaire minimum, contrat de travail européen, Erasmus de l’apprentissage, les projets sociaux ne manquent pas. Si l’Europe sociale peine à prendre corps, c’est surtout en raison des réticences des Etats-membres. La crise n’a rien arrangé, chacun faisant preuve d’égoïsme. 

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L’Europe sociale : les projets existent, mais la volonté manque 

"Pour le social, l’Union européenne est au milieu du gué. Elle a besoin d’une volonté politique", a estimé Jean-Marie Cavada, député européen du nouveau centre, alors qu’il concluait une table ronde organisée par l’association des journalistes de l’information sociale (Ajis) mardi 13 mai. Les quatre représentants de partis politiques (socialistes, écologistes, centristes et UMP) présents étaient d’accord sur la nécessité d’une politique sociale. L’orientation, le contenu et la méthode à suivre pour la construire faisaient débat.

Si les outils proposés par les uns et les autres divergent (voir encadré), c’est en partie parce que l’analyse de la situation n’est pas la même d’un parti à l’autre. On retrouve les lignes de séparation entre droite et gauche dans le débat français. D’un côté, les libéraux et les centristes considèrent que le problème majeur vient de la faible croissance. "Dans le contexte de crise, l’absence de convergence des politiques économiques a été un frein au développement de l’emploi", a ainsi estimé Jean-Marie Cavada. Il est rejoint sur cette ligne par Alain Lamassoure, député européen de la circonscription Sud-Ouest (PPE) qui estime qu’"il ne pouvait pas y avoir de social si l’économie ne tourne pas." Un taux de croissance de 2 à 2,5% est indispensable pour le député.

La responsabilité des Etats membres pointée

Les candidats de gauche contestent cette analyse. Ainsi, Pervenche Berès, députée européenne PS, est très critique sur le bilan économique du parlement sortant et de la Commission européenne. Se plaçant sous la tutelle de Jacques Delors qui appelait de ses vœux un partage des tâches du type "aux Etats la rigueur, à l’Union européenne la relance", elle s’est inquiétée d’un budget européen en baisse. "Le budget européen doit être plus important pour pouvoir mener des politiques contra-cycliques", a-t-elle estimé. S’il est d’accord sur le but à atteindre, José Bové impute la responsabilité de la situation aux gouvernements des Etats-membres qui ont voté ce budget. "Ce n’est pas la commission qui est responsable. Ce sont les gouvernements libéraux et les sociaux-démocrates qui ont voté le budget. Ils étaient d’accord, rappelle-t-il, on a 28 égoïsmes qui refusent de mettre en commun." Une analyse que partage presque Jean-Marie Cavada, pour lequel "il n’y a pas pire adversaire de l’Europe que ses Etats-membres."

Pervenche Berès vise aussi les Etats européens. Elle souhaiterait qu’ils utilisent les marges de manœuvre dont ils disposent, quand ils en ont, pour soutenir l’activité de la zone. Comprenez : l’Allemagne doit soutenir sa consommation interne. Pour elle, le salaire minimum voulu par les sociaux-démocrates allemands, membre de la grande coalition, est une décision qui va dans le bon sens.

Reste que tous sont d’accord : rien ne pourra se faire sans une volonté affirmée des Etats, et, comme le dit Jean-Marie Cavada, sans le soutien des citoyens des différents pays. "Il ne se passera rien, si les électeurs ne se mobilisent pas", a-t-il prévenu. Le taux d’abstention annoncé n’est pas seulement une source de préoccupation civique. C’est le risque d’un statu quo pour l’Europe sociale que pourtant les électeurs sont nombreux à réclamer. S’abstenir serait, à en croire les quatre candidats aux élections européennes, le meilleur moyen pour que rien ne change.

Christophe Bys

Quatre candidats présentent leurs mesures sociales pour l’UE 

La socialiste Pervenche Berès qui dirigeait dans l’assemblée sortante la Commission de l’emploi et des affaires sociales estime que "la question de l’emploi n’a pas été une priorité de l’Europe. On a sauvé les banques plutôt que les jeunes. Nous voulons mettre en place un pilier social." Pour cela, elle propose notamment l’instauration d’un salaire minimum dans tous les pays d’Europe, l’approfondissement de la directive sur les travailleurs détachés et une augmentation des sommes allouées à la garantie jeunesse, pour la porter de 6 à 21 milliards d’euros. Le leader écologiste, José Bové, préfère insister sur l’importance des actions en faveur de la jeunesse étant donné le succès d’Erasmus. Il propose d’élargir ce dispostif aux apprentis de sorte qu’"un million de jeunes puisse circuler au sein de l’Union européenne". Jean-Marie Cavada, pour le Centre, estime que l’Europe devrait davantage investir dans les métiers d’avenir. Il a ainsi cité le développement des satellites ou le numérique.

Par ailleurs, il souhaite que soient mis en place des critères de protection sociale, en y consacrant un pourcentage minimal du PIB. Le premier pas pourrait concerner l’assurance-chômage ou les retraites. Il se prononce en faveur d’un transfert du financement de la protection sociale vers la consommation pour "dé-charger le coût du travail". Alain Lamassoure (UMP), constate de nombreuses réticences en matière sociale : "tout le monde est attaché à son modèle national", a-t-il estimé. C’est pourquoi il propose que les droits passés restent du domaine national, tandis que l’Union européenne s’attacherait à créer de nouveaux droits, comme, par exemple, le texte sur le télétravail, qui illustre, selon lui, comment les députés européens peuvent s’emparer des nouveaux sujets. Il propose de la même façon d’étudier si le financement de ce qu’on appelle en France le cinquième risque (la dépendance des personnes très âgées) ne pourrait pas ressortir de l’échelle européenne. Il s’est aussi dit favorable à ce que les entreprises internationales puissent proposer un contrat de travail européen qui proposerait aux salariés, quel que soit le pays où ils opèrent, les mêmes droits (salaire minimum, congés payés...).

 

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