L’Europe pousse les PME au Vietnam
Le commissaire européen à l’Industrie Antonio Tajani conduit, depuis mardi 12 novembre, une délégation d’entreprises en Asie du sud Est. Première étape : le Vietnam.
Faute de croissance en Europe, allons la chercher ailleurs. Cette semaine, le commissaire européen à l’industrie a accompagné une quarantaine d’hommes d’affaires, dont un tiers de patrons de PME et autant de grands groupes, dans une tournée « mission pour la croissance » en l’Asie du sud-est. Première étape : le Vietnam. "Nous voulons aider les entreprises à investir au Vietnam pour fournir le marché local, et non pour délocaliser", a assuré Antonio Tajani à Ho Chi Minh ville. Pour l’Europe, il s’agit en partie de résorber son énorme déficit commercial. L’Union européenne, qui a importé près de 20 milliards d’euros de produits vietnamiens, n’y a exporté que pour 8 milliards d’euros. Sur le marché, les entreprises japonaises ou coréennes sont déjà très implantées. Mais il reste de la place pour les PME européennes.
"Les entreprises chinoises n’ont pas toutes les positions dominantes comme ça peut être le cas dans d’autres pays d’Asie du sud-est. Les industriels européens peuvent être compétitifs", espère Luigi Cuzzolin, le directeur général de Pipex, qui prévoit de distribuer ses tubes en acier fabriqués en Italie au Vietnam. Pour aider les PME européennes à trouver des partenaires, la commission européenne a organisé à Ho Chi Minh des "speed-dating" pour les entreprises. Une seconde mission d’entreprises devrait être organisée début 2014 sur la thématique de l’agro-industrie et de la cosmétique.
VOS INDICES
source
Une démographie en plein boom
Le pays profite de sa main d’œuvre qualifiée mais bon marché et d’un cadre réglementaire stable. Surtout, la démographie joue en faveur du pays. "Le pays compte 1,5 millions d’adultes en plus chaque année. Il devrait passer de 90 à 120 millions d’habitants d’ici 2030", remarque Pierre-Jean Malgouyres, le président de la chambre française de commerce au Vietnam, installé à Ho Chi Minh. Le directeur d’Automotive Asia (qui distribue Audi dans le pays) Laurent Genêt y croit aussi : "Le marché automobile est encore cinq à six fois plus petit que celui de la Thaïlande. Mais il se vend un million de motos en plus par an."
Malgré ses 5 % de croissance, le Vietnam connaît un trou d’air. Depuis deux ans, la flambée des taux des crédits bancaires a freiné le secteur de la construction et la consommation. Au centre d’Ho Chi Minh ville, la construction de la grande tour surplombant les rives du Mékong, confiée à Bouygues, est ainsi à l’arrêt depuis huit mois. "Les réformes se feront, même si elles prennent du temps. Ici, il faut être patient et persévérant", estime Nicolas Audier, un avocat implanté dans le pays.
Pour réussir, les entreprises doivent composer avec la pesanteur de l’administration locale. "Il faut signer trente pages de documents pour chaque véhicule importé", soupire Laurent Genêt. Un obstacle qu’Antonio Tajani veut lever. A Hanoï, le vice-président de la commission a fait le tour des ministères vietnamiens. Il a signé une lettre d’intention pour améliorer le cadre des affaires pour les PME. Un "monsieur PME" doit être désigné, tandis que l’UE s’engage à un échange de bonnes pratiques en matière de petites entreprises.
Solène Davesne
SUR LE MÊME SUJET
L’Europe pousse les PME au Vietnam
Tous les champs sont obligatoires
0Commentaire
Réagir