L’Europe à la traîne en matière de restructuration automobile (AlixPartners)
L’Europe a besoin de se restructurer et vite. Selon le cabinet de conseil AlixPartners, son marché automobile a pris du retard par rapport à d’autres zones géographiques, comme les Etats-Unis ou la Chine. Au total, en 2010, les ventes mondiales de voitures devraient progresser de 7% à 68 millions d’unités, avec un bond de 12% aux Etats-Unis.
En Europe, la tendance resterait à la baisse, avec un recul estimé à 10%, sous l’effet de l’arrêt des primes à la casse. « La crise en Europe suit une courbe en W, nous sommes actuellement au début de la deuxième branche. La prime à la casse n’a fait que retarder les effets de la crise », a constaté Laurent Petizon, directeur général d’AlixPartners en France. Une analyse partagée par Carlos Ghosn à la tête de Renault-Nissan, qui expliquait le 13 juin que « sur le plan mondial, nous sommes ne train de sortir de la crise, mais sur le plan européen, on n’y est pas encore ».
Lutte conjoncturelle
Selon AlixPartners, chaque acteur du marché européen a établi un plan de lutte contre la crise en 2009, sans concertation générale en Europe. Pour la plupart, ils ont privilégié le chômage partiel et ont plus ou moins conservé leur budget R&D, essentiel selon eux pour le développement des nouvelles technologies.
Des stratégies qui ont permis de réduire les coûts directs mais n’ont pas combattu les fragilités structurelles du marché européen.
« Avec la prime à la casse, les acteurs du marché européen ont reconstitué leur trésorerie, sans se restructurer et en dépensant dans des mesures qui ne seront pas forcément durables. Au niveau social, le chômage partiel ne pourra pas durer indéfiniment et il est donc à craindre de nombreux plans de sauvegarde de l’emploi au cours de l’année », explique Laurent Petizon.
Manque de concertation européenne
Surcapacités, dépendance excessive aux marchés matures et fusions-acquisitions à la marge demeurent en Europe. Faute de concertation et de restructuration par filières, 54% des équipementiers européens se trouvaient dans une situation fiscale dangereuse, contre 22% en 2008. « De nombreuses fusions-acquisitions théoriques ne voient jamais le jour ou le voit seulement en cas de situation critique pour l’un des deux acteurs. La restructuration reste à faire en Europe, avec des opportunités attractives, si la croissance est là », préconise le directeur général.
Pour atteindre cet objectif, le cabinet préconise une coordination européenne, qui passerait par un changement des relations entre constructeurs et fournisseurs, à l’instar de ce que fait Toyota et de ce que réclame le ministre de l’Industrie français, Christian Estrosi, lors des Etats généraux de l’Industrie.
L’Europe à la traîne en matière de restructuration automobile (AlixPartners)
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