L'Europe à l'épreuve de la réalité, la saison de résultats s'annonce agitée

par Josephine Mason, Helen Reid et Danilo Masoni
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L'Europe à l'épreuve de la réalité, la saison de résultats s'annonce agitée
Les investisseurs se préparent à des fluctuations brutales sur les places boursières européennes à l'occasion de la saison des résultats annuels d'entreprises, qui permettra de voir si les craintes de ralentissement économique et de tassement d'activité se sont concrétisées au quatrième trimestre 2018. /Photo prise le 16 janvier 2019/REUTERS/Kai Pfaffenbach

LONDRES (Reuters) - Les investisseurs se préparent à des fluctuations brutales sur les places boursières européennes à l'occasion de la saison des résultats annuels d'entreprises, qui permettra de voir si les craintes de ralentissement économique et de tassement d'activité se sont concrétisées au quatrième trimestre 2018.

Les marchés actions ont connu un trou d'air au niveau mondial lors des trois derniers mois de l'an dernier, pénalisés par la guerre commerciale sino-américaine et ses retombées sur l'économie chinoise, la crise budgétaire en Italie et la remontée des taux d'intérêt aux Etats-Unis.

En Europe, l'indice STOXX 600 des 600 principales capitalisations boursières européennes a enregistré sur la période sa pire performance trimestrielle en six ans.

Les attentes des investisseurs sont donc modestes pour les prochaines publications de résultats financiers des entreprises. Selon les données I/B/E/S de Refinitiv, le marché s'attend en moyenne à une progression de 6% du bénéfice par action des sociétés du STOXX 600 au quatrième trimestre 2018, la moitié des niveaux enregistrés aux troisième et quatrième trimestres 2017.

En excluant le secteur de l'énergie, la progression attendue n'est que de 3,9%.

En novembre, la prévision atteignait 13%. Mais une série de statistiques industrielles et commerciales médiocres publiées en Europe et en Chine ont amené les analystes à revoir leurs attentes à la baisse.

Les stratégistes actions estiment que de nombreuses entreprises vont ajuster à la baisse leurs prévisions pour 2019, même si certains pensent que le marché a déjà inscrit dans les cours les anticipations d'un ralentissement économique, voire d'une récession cette année.

"Ça va être une réalité car les tensions commerciales, le secteur automobile en Allemagne, la situation politique en Italie, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis suscitent des appréhensions à de nombreux égards", a commenté Emmanuel Cau, responsable de la stratégie pour les actions européennes chez Barclays.

"Je pense que ce qui va inquiéter, c'est de voir si le marché a eu raison de faire baisser les cours boursiers ces derniers mois."

Certaines estimations sont encore jugées trop positives.

Sharon Bell, responsable de la stratégie pour les actions européennes chez Goldman Sachs, mise sur une croissance des bénéfices de 4% seulement.

"La grande différence entre nous et le consensus c'est qu'il prend comme postulat que les marges resteront stables ou augmenteront un peu, alors que nous présumons que les marges vont diminuer un peu", a-t-elle déclaré.

GROS PLAN SUR LE ROYAUME-UNI

Après le choc provoqué par l'avertissement sur son chiffre d'affaires lancé par Apple en tout début d'année, les investisseurs sont plus nerveux que d'habitude dans la perspective de possibles mauvaises surprises, ce qui pourrait entraîner des réactions plus brutales qu'habituellement sur les marchés boursiers.

"Le stress monte en ce qui concerne les résultats des entreprises. On sera plus prompt à jeter le bébé avec l'eau du bain", a estimé Lars Kreckel, stratégiste en actions mondiales chez Legal & General Investment Management.

La Bourse de Londres retiendra particulièrement l'attention, pour le meilleur ou pour le pire. La City a anticipé des reculs importants, en grande partie parce que les investisseurs craignent l'impact d'un éventuel Brexit "dur" sur les entreprises et l'économie britanniques.

Après le rejet massif par les Communes de l'accord de sortie du Royaume-Uni négocié avec l'Union européenne, le Parlement britannique se prononcera le 29 janvier sur le "plan B" que va lui présenter la Première ministre Theresa May. Les moindres péripéties sur ce front seront disséquées à la loupe.

En fait, les attentes sont désormais si basses que les entreprises du bâtiment, considérées comme les plus vulnérables aux aléas du Brexit, ont récemment suscité de bonnes surprises, ce qui a provoqué des mouvements à la hausse hors normes.

Le constructeur immobilier Taylor Wimpey, par exemple, a maintenu le 9 janvier ses perspectives de profits et prévu des ventes solides cette année, ce qui a permis au titre de connaître sa meilleure séance boursière en deux ans et demi et a soutenu tout le secteur, l'un des plus durement touchés par les incertitudes sur le Brexit.

FORTE VOLATILITÉ

Cette réaction démesurée des investisseurs à une nouvelle relativement bénigne pourrait être un signe avant-coureur de l'ambiance qui risque de dominer pendant les prochaines publications de résultats d'entreprises, et augure d'une forte volatilité sur les places boursières au premier trimestre.

"Les attentes du marché ont baissé mais on a déjà constaté, au Royaume-Uni par exemple, des chiffres décevants qui sont toutefois supérieurs aux faibles attentes", a déclaré Jonathan Stubbs, stratégiste en actions européennes chez Citigroup.

Les valorisations relativement basses des actions européennes contribuent également à inciter les investisseurs à revenir vers ces titres au moindre signe d'amélioration.

Selon la dernière édition, publiée cette semaine, d'un sondage mensuel de Bank of America Merrill Lynch auprès des gestionnaires de fonds, 39% des investisseurs considèrent que les actions européennes sont sous-valorisées, ce pourcentage étant le plus élevé depuis février 2016.

Les investisseurs ont retiré plus de 72 milliards de dollars des fonds d'actions européennes en 2018, plus que de toute autre région, montrent des données d'EPFR, spécialiste de l'évolution des flux financiers dans le monde.

Les flux sortants se poursuivent jusqu'ici cette année, mais à un rythme plus lent qu'aux Etats-Unis : deux milliards de dollars ont été retirés d'Europe au cours de la première semaine de 2019, contre 15 milliards aux Etats-Unis.

Une inversion des flux en Europe dépendra pour beaucoup des messages optimistes ou pas que les entreprises enverront dans les prochaines semaines.

(Dominique Rodriguez pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)

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