"Abondance et liberté", son dernier ouvrage, déconstruit la modernité libérale. Le philosophe Pierre Charbonnier y défend un socialisme intégrant de nouveaux droits et la sobriété écologique.
propos recueillis par Christophe Bys et Pascal Gateaud Photos Pascal Guittet
\ 18h00
propos recueillis par Christophe Bys et Pascal Gateaud Photos Pascal Guittet
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L'Usine Nouvelle. - Au cœur de votre livre "Abondance et liberté", il y a la déconstruction de ce que vous avez appelé le "pacte libéral". Quand apparaît-il et en quoi consiste-t-il ?
Pierre Charbonnier. - Il se noue à deux moments et dans des termes différents. La première fois, au XVIIe siècle. Le philosophe John Locke est un bon exemple : pour lui, l’infrastructure matérielle de la conquête des droits est l’amélioration de la terre. On crée un lien entre droits de l’individu et amélioration technique, dans un contexte où les ressources sont limitées. Ce pacte est relancé au XIXe siècle alors que l’accès aux ressources fossiles et le colonialisme laissent penser que l’abondance et les libertés vont croître éternellement et simultanément. Le débat à l’époque est de savoir si cela se fera sous la tutelle de la classe des propriétaires ou de celle des prolétaires. Ce pacte est quasi fanatisé, au point qu’il n’est pas complètement déconstruit aujourd’hui. Dans une large mesure, nos gouvernements pensent qu’il est indépassable, cherchant la croissance à tout prix.
C’est pour cela que vous écrivez que "la croissance a confisqué la démocratie" ?
Après la Seconde Guerre mondiale et la formation de l’État social de type keynésien, se mettent en place un ensemble d’institutions qui garantissent indissociablement la protection sociale de l’individu et l’accumulation matérielle. Produire plus, c’est assurer davantage de protection. À cet égard, il faut lire les travaux de Jean Fourastié sur les Trente Glorieuses. Il met en évidence l’idée très répandue alors selon laquelle les peuples s’étant durement fait la guerre, il importe d’assurer le confort domestique qui aura pour effet d’absorber les passions politiques. Le résultat de toutes ces approches est qu’elles ont associé dans nos esprits et dans les théories économiques un lien entre nos libertés et les énergies, fossiles ou non.
À aucun moment, on a craint un épuisement des ressources…
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