"L’échec de Galileo est lié à un problème de production pas de conception", affirme Jean-Yves Le Gall
Jean-Yves Le Gall, président du Cnes et coordinateur interministériel du programme Galileo, estime que les deux satellites positionnés sur une mauvais orbite ne pourront être récupérés. En attendant les résultats de la commission d’enquête, il confie à L'Usine Nouvelle que les conséquences de cet échec seront limitées.
L'Usine Nouvelle - Sait-on pourquoi les deux satellites n’ont pas atteint l’orbite prévue ?
Jean-Yves Le Gall - Il faut laisser travailler la commission d’enquête qui vient d’être nommée pour y répondre. Ses premières conclusions devraient être connues le 8 septembre. Ce qui est le plus probable, c’est que le dysfonctionnement se situe au niveau du quatrième étage du Soyouz, l’étage supérieur Fregat, qui place les satellites sur leur orbite définitive après deux impulsions consécutives. Pour une raison encore inconnue, la deuxième impulsion n’a pas été donnée dans la bonne direction.
Les satellites sont-ils récupérables ?
Non. Car leur orbite n’est pas circulaire comme elle aurait dû l’être et par ailleurs, ils ne sont pas sur le bon plan orbital. Ils ne peuvent donc pas assurer la mission Galileo. Ils seront toutefois utiles pour effectuer tous les tests en orbite et valider leur fonctionnement.
Certains soulignent l’absence de redondance de la centrale inertielle sur l’étage Fregat alors que sur Ariane 5 un tel équipement est doublé…
Certes, la centrale inertielle est un équipement déterminant du lanceur puisqu’elle donne les indications de positionnement. Toutefois dans nombre de lanceurs, il n’y en a qu’une. Si Ariane 5 embarque deux centrales inertielles, c’est parce qu’au départ, elle était prévue pour les vols habités.
Faut-il craindre que la déliquescence qu’a vécue l’industrie spatiale russe ces dernières années touche à son tour Soyouz, lanceur pourtant réputé pour sa fiabilité historique ?
Clairement, Soyouz n’est pas directement concerné par cet échec. C’est uniquement l’étage supérieur Fregat qui est concerné. Ce module résulte d’un co-développement entre Russes et Européens que nous avons mené à la fin des années 90. Il a fonctionné sans échec plus d’une quarantaine de fois. Ce n’est donc pas un problème de conception mais de production ou de non-conformité. Est-ce que c’est lié à un élément mal programmé ou un équipement défectueux ? La commission d’enquête devra le dire.
Justement, quelles seront les conséquences pour le programme Galileo ?
Il faudra d’abord comprendre les causes de l’échec de ce lancement avant de procéder au prochain lancement prévu initialement en décembre. Mais à mon sens, les conséquences seront limitées. En effet, si l’origine du dysfonctionnement est rapidement identifiée et corrigée, la reprise des vols sera rapide et le retard peu significatif. L’impact pourra être absorbé sur une période de deux ans sachant que les lancements doivent s’étaler jusqu’en 2017. Par ailleurs, le programme Galileo, au-delà des 24 satellites qui constitueront la constellation, prévoit six satellites de secours pour parer à de tels échecs.
Les satellites n’étaient pas assurés. Pour quelle raison ?
Le coût global de cette opération, lancement et satellites compris, est estimé à environ 150 millions d’euros. En général, les Etats et donc l’Agence spatiale européenne n’assurent pas leurs satellites. Parce que contrairement aux satellites du secteur privé, il s’agit souvent d'exemplaires uniques comme les satellites scientifiques. Donc quand il y a un échec, il n’y pas d’autre choix, il faut construire un autre satellite.
Propos recueillis par Hassan Meddah
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