L'avion du futur vu par l'Onera
L’Office national d’études et de recherches aéronautiques (Onera) vient de dévoiler son plan stratégique et scientifique à l’horizon 2025, pour alimenter les ruptures technologiques que l’on verra (peut-être) en 2050.
Aile volante, avion à propulsion électrique, atterrissages assistés permettant d’enlever les atterrisseurs, nouveaux moyens de calcul … Voici quelques exemples de concepts qui ont émergé d’un travail de fond effectué par l’Onera entre 2015 et début 2016. « L’idée était d’identifier les grands axes d’innovations, et en face, d’évaluer les compétences dont dispose l’Onera », résume Bruno Sainjon, PDG du principal centre de recherche aérospatial français, venu plancher devant des membres de l’Association des journalistes professionnels de l'aéronautique et de l'espace (AJPAE).
Parmi ces axes figurent les futurs besoins de mobilité et l’environnement, qui varieront en fonction de l’état du ciel : les têtes pensantes de l’Onera ont identifié quatre situations distinctes, entre un ciel illimité (sans restriction de vol entraînant une automatisation du contrôle aérien), régulé (favorisant les avions "verts"), déserté (vols limités aux opérations d’urgence) ou fragmenté (le ciel serait divisé en grands blocs repliés sur eux-mêmes). « On peut imaginer que le scénario le plus probable puisera dans ces quatre situations », pronostique Antoine Guigon, directeur de la prospective aérospatiale.
Grande envergure et fuselage elliptique
Le centre de recherche a tenu à concrétiser ses idées en montrant quelques avions concepts. Comme par exemple le projet Ampere, un petit avion à propulsion électrique répartie sur 40 petits moteurs sur les ailes, qui jouent en même temps le rôle d’actionneurs, et doté d’une pile à combustible pour la fourniture d’énergie. Autre concept, Nova, un avion moyen-courrier capable de transporter 180 passagers (comme par exemple l’Airbus A230), dont le fuselage serait de forme elliptique, c’est-à-dire plus large, ce qui offre une grande portance à l’avion. Son envergure serait nettement supérieure à un A320, et ses moteurs seraient à très haut taux de dilution. Ces deux projets s’adressent naturellement à l’objectif environnemental.
Un autre projet plus iconoclaste a émergé : il concerne les infrastructures. Baptisé Gabriel, les ingénieurs ont imaginé une sorte de chariot placé sur la piste, qui joue le rôle de catapulte pour faire décoller les avions, ou d’amortisseur pour les faire atterrir. Du coup plus besoin de trains d’atterrissage, ce qui pourrait, selon Antoine Guigon, « générer jusqu’à 18 % d’économies de carburant ». Les grands fabricants de trains d’atterrissage apprécieront… Enfin, sur le sujet des ailes volantes, l’Onera travaille avec Airbus sur différentes questions, comme celles de l’acoustique, ou de la tenue à la pressurisation.