L'autorité de la concurrence américaine s'oppose au rachat d'Arm par Nvidia
La FTC, autorité de la concurrence aux Etats-Unis, lance une plainte administrative visant à bloquer le projet de rachat de la société britannique ARM par le géant américain des puces Nvidia. Elle justifie sa décision par des craintes en matière de concurrence et d'innovation mais aussi par le risque de mettre fin au statut d'acteur neutre d'ARM.
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Mis à jour
03 décembre 2021
La Federal Trade Commission (FTC), l'autorité en matière de concurrence aux Etats-Unis, a annoncé jeudi 2 décembre avoir entamé une procédure en justice pour bloquer le projet de rachat du fournisseur britannique de technologies de conception de puces ARM par le géant américain des semi-conducteurs Nvidia, pour 40 milliards de dollars. Elle a déclaré que le projet d'accord vertical permettrait à Nvidia, l'un des dix plus grands fournisseurs mondiaux de semi-conducteurs, d'avoir le contrôle sur des technologies et des modèles dont ses rivaux dépendent pour développer leurs propres puces. "Nous allons continuer de travailler pour démontrer que cette opération va profiter à l'industrie et promouvoir la concurrence", a réagi Nvidia dans un communiqué, tandis que ARM s'est refusé à tout commentaire.
Un acteur incontournable
ARM, principale société britannique de semi-conducteurs et propriété du groupe japonais SoftBank depuis 2016, ne développe ni ne produit des puces. Elle fournit plutôt des dessins de coeurs de traitement qui permettent à des concepteurs de créer leurs processeurs plus vite et moins cher que s'ils le faisaient à partir de zéro. Sa technologie est utilisée par presque tous les concepteurs de processeurs, dont Apple, Qualcomm, Samsung Electronics et Huawei.
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Bien que ARM soit une société modeste de moins de 2 milliards de dollars de chiffre d'affaires, elle joue un rôle central dans l'écosystème mondial des semi-conducteurs. Sa technologie, connue pour ses avantages en termes de consommation et de coûts par rapport aux processeurs propriétaires d'Intel et d'AMD, irrigue tous les secteurs d'application (notamment ceux des smartphones, tablettes et objets connectés), et tend à se diffuser dans les PC, serveurs et même les supercalculateurs.
La Chine en embuscade
De nombreuses entreprises, parmi lesquelles Intel et Qualcomm, ont émis des craintes sur les risques que le projet de rachat d'ARM par Nvidia fait peser sur l'industrie des semi-conducteurs en termes de concurrence, d'innovation et d'ouverture. ARM fournissant sa technologie à tout monde, son rôle d'acteur "neutre" lui vaut d'être qualifié comme "la Suisse des semi-conducteurs". Beaucoup craignent que cette neutralité ne soit remise en cause et que Nvidia décide de contrôler l'accès de ses concurrents à la technologie d'ARM. Le rachat d'ARM par Nvidia semble donc voué à l'échec. Une enquête approfondie sur le dossier a d'ailleurs été ouverte à la fois par la Grande-Bretagne et par l'Union européenne.
La décision de la FTC n'est pas la seule épine dans le pied de Nvidia. La Chine voit d'un mauvais oeil une opération qui donnerait aux Etats-Unis la capacité de lui fermer l'accès à une technologie essentielle au développement de son industrie de semi-conducteurs. La technologie ARM est utilisée par presque tous ses concepteurs de processeurs, dont HiSilicon (filiale de Huawei), SaneChips (filiale de ZTE) et Unisoc (filiale de Tsinghua Unigroup). Aussi les analystes sont-ils convaincus que Pékin fera tout pour bloquer la transaction comme elle l'a fait pour le projet de rachat du néerlandais NXP par l'Américain Qualcomm ou du Japonais Kakusai par l'Américain Applied Materials.
Avec Reuters (Stephen Nellis à San Francisco, David Shepardson à Washington et Kanishka Singh à Bangalore; version française Jean Terzian)
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