L’autoconsommation, c’est pourtant simple. Il s’agit de consommer sur place tout ou partie de l’énergie produite, que ce soit par un particulier, un collectif ou une entreprise. Mais pour la Commission de régulation de l’énergie (CRE), c’est un vrai casse-tête. Autorisée par une ordonnance dans la loi de transition énergétique de 2015, l’autoconsommation individuelle a déjà séduit 14000 foyers français, soit 0,04% des 37 millions de clients raccordés au réseau, et 4% des 350 000 installations de production d'électricité en France. L’autoconsommation collective, elle, n’a été votée qu’en février 2017 et son le décret d’application est paru en mai dernier. Ne manquent plus que les tarifs.
Concertation des acteurs et consultation publique
Pour le nouveau président de la CRE, Jean-François Carenco, il est urgent d’attendre : "On se gargarise de l’autoconsommation. La CRE est saisie pour les tarifs. On a décidé de ne pas se presser de fixer les fameux Turpe (Tarif d'Utilisation des Réseaux Publics d'Electricité)". Il a même décidé d’organiser une consultation des tous les acteurs, avec un premier forum d’échanges le 12 septembre à Paris. Seront ensuite organisés cinq ateliers thématiques pour travailler sur les tarifs pour l’autoconsommation individuelle, ceux pour l’autoconsommation collective, réfléchir aux mécanismes de soutien directs et indirects, définir une cadre pour les offres de fourniture et un cadre contractuel de raccordement et de comptage. "Ensuite, la CRE prendra des recommandations et organisera une consultation publique", annonce Jean-François Carenco. Et seulement après, la CRE publiera les tarifs, fin janvier 2018.
Halte au communautarisme
Un processus inédit pour la CRE, mais qui s’impose. "Ma conviction est que l’autoconsommation est inéluctable mais qu'elle peut générer le pire comme le meilleur, explique le président de la CRE. Notre travail est de nous assurer que cela produise le meilleur." Ce que Jean-François Carenco redoute le plus : le communautarisme. Il sait aussi que derrière la simplicité du concept, l’autoconsommation risque de déstabiliser les réseaux et oblige à poser de multiples questions : faut-il un même tarif partout ? Comment finance-t-on les réseaux ? Quelle assiette fiscale? Quel tarif pour l’injection d’électricité et le tirage ? Quel pouvoir au syndic en cas d’autoconsommation collective. "Et les smart grid, sont-ils les avatars énergétiques du néo-communautarisme ?", interroge encore le président de la CRE. Les débats s’annoncent compliqués.
14/09/2017 - 20h33 - Velkavatar
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