[L’année 2019 en technos] En France, la 5G tarde à arriver
Déjà disponible dans toute la Corée du Sud et toute la Suisse et dans de nombreuses villes américaines, chinoises, allemandes ou britanniques, la 5G se fait attendre en France. Un retard encore plus saisissant dans l’industrie : quand leurs voisins expérimentent des usines connectées en 5G, les industriels français hésitent encore à se lancer même dans des projets pilotes.
Enfin ! Le 17 décembre, le gouvernement français a lancé officiellement la procédure d’attribution des fréquences 5G. Une annonce très attendue par la filière des télécommunications, qui a pris quelques semaines de retard à cause d’un désaccord avec l’Autorité de régulation des télécoms (Arcep) sur l’étendue du spectre mis aux enchères et sur son prix.
De ce fait, la France a pris du retard sur ses voisins allemands et britanniques dans le déploiement de la 5G grand public. Elle se distingue néanmoins sur le terrain des expérimentations : en octobre, le gouvernement et l’Arcep ont donné leur feu vert à onze projets de tests de la bande des 26 GHz, dite millimétrique, portés par des industriels et des collectivités. Mais les industriels français restent trop frileux. Impossible, à ce jour, de trouver dans les usines françaises des projets pilotes aussi aboutis qu’en Allemagne, par exemple. Pourtant, Ericsson comme Nokia, déclinent les cas d’usages industriels du réseau cellulaire nouvelle génération à longueur d’événements.
La sphère cyber, elle aussi, regarde de près les réseaux 5G. Le sujet était même au cœur des Assises de la sécurité, qui se sont tenues à Monaco en octobre.
Un Comité de filière enfin officiel !
Le 18 décembre, au lendemain du lancement des attributions de la 5G, Agnès Pannier-Runacher, la secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie et des Finances a enfin signé le contrat du Comité stratégique de filière « Infrastructures numériques » avec son président, Didier Casas. L’organisme doit permettre à toute la filière télécom de ne parler que d’une seule voie, à l’approche des déploiements de la 5G en France.
En Corée du Sud, le déploiement remonte à avril dernier…
Les tout premiers services 5G ont été déployés en Corée et dans quelques localités des Etats-Unis en avril dernier. C’était l’occasion, pour Industrie & Technologies, de faire un point sur cette technologie de rupture .
La France dévoile les 11 projets pour tester la bande des 26 GHz
En octobre, l’Arcep et le gouvernement français invitaient les représentants de 6 des 11 projets retenus pour expérimenter la bande des 26 GHz . Plus haute fréquence jamais exploitée par un réseau cellulaire, l’ultra haut-débit et la très courte portée de cette bande dite millimétrique intéresse tout particulièrement les industriels et les collectivités.
La 5G dans l’industrie, « pas avant 2022 » selon Ericsson...
Ericsson, l’un des trois grands équipementiers télécoms les plus avancés sur le déploiement de réseaux 5G – avec le finlandais Nokia et le chinois Huawei – organisait l’Ericsson Day le 3 octobre à Paris . Lors de ce point d’étape, la firme suédoise a prévenu : l’industrie ne bénéficiera pas tout de suite des réseaux 5G.
… et peut-être encore plus tard en France ?
Pour Vincent Masztalerz, directeur de l'unité opérationnelle Processus d'automatisation chez Siemens France, les retards dans l’attribution des fréquences risquent de pénaliser l'industrie française , déjà bien moins engagée dans la 5G qu'en Allemagne.
Nokia montre l’exemple, en démontrant les bienfaits du network slicing
L’un des bénéfices de la 5G les plus prometteurs pour l’industrie est le slicing, ou découpage en tranche du réseau. Il permet, à partir d’un même cœur de réseau 5G, de dédier une qualité de service différentes pour diverses applications distinctes, allouant à l’une plus de débit et à l’autre une latence plus faible, par exemple. Nokia en a fait l’expérience avec un démonstrateur industriel fourni par Festo lors de son troisième 5G Smart Campus, le 14 novembre .
La 5G, aussi une rupture en matière de cyber-risques
Tester la 5G dans un environnement industriel avant de s’engager est important. Mais « les industriels doivent tenir compte du risque cyber » dans leurs expérimentation,
alerte Téodor Chabin
, responsable sécurité de Thales, aux Assises de la sécurité, à Monaco, en octobre. Avec son cœur de réseau virtualisé, l’architecture de la 5G est beaucoup plus flexible et permet de nouveaux cas d’usages, notamment pour les industriels. Mais
elle est aussi vulnérable à de nouvelles menaces
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